vendredi 11 décembre 2009

– 7 650 euros

Les patrons des entreprises de transport viennent d'obtenir un gros cadeau du gouvernement, en échange, en principe, d'un petit coup de pouce aux salaires des routiers. Et j'entends ricaner le café de la presse, prompt à dénoncer les privilèges et les compromissions.

Holà! Calmez-vous, camarades: les journalistes sont-ils bien placés pour jouer les chevaliers blancs? Beaucoup de gens, même dans ma famille, ignorent que nous disposons d'un étonnant avantage. Chaque année, en établissant notre déclaration de revenus, nous en déduisons d'office 7 650 euros. Au titre d'une «allocation forfaitaire pour frais d'emploi», qui nous permet de réduire significativement le montant de notre impôt sur le revenu.

Ce dispositif est l'héritier d'une mesure instituée en... 1934, pour permettre aux patrons de presse de ne pas trop indemniser les journalistes pour les différents frais qu'ils étaient amenés à engager. En fait, de la même façon que le gouvernement Fillon vient de faire les yeux doux aux patrons camionneurs, le gouvernement de l'époque s'achetait la sympathie à la fois des patrons de presse et des journalistes. Et de fait, les patrons ont souvent justifié la «modération salariale» en utilisant ce hochet de luxe, au point de supporter à la fin des années 90 plusieurs mouvements de grève quand la droite et le sénateur Charasse ont cherché à le supprimer. Je me rappelle sans honte excessive comment, à l'époque, mandaté par la CFDT, j'accompagnai mon excellent camarade Maurice P., délégué syndical SNJ, dans le bureau du député François Guillaume pour plaider notre cause!

Pour les pigistes, pour les webjournalistes payés au lance-pierre, pour les consœurs et confrères employés par des associations ou des mouvements peu fortunés, cette niche fiscale reste bienvenue, ce qui nous aide à garder la conscience tranquille. Et puis, dans l'entreprise qui m'emploie comme dans beaucoup d'autres, le patron se réfugie derrière la crise pour refuser cette année toute augmentation salariale collective, ce qui réactive les motivations de 1934.

Autrement dit, ce «privilège» n'en est pas vraiment un. Il n'empêche que cela reste une anomalie dont nous devons nous souvenir au moment de porter un jugement sur les revendications des uns et des autres. Non?

mardi 1 décembre 2009

Du télégraphe optique à Twitter

J'aime bien le point de vue de Stéphane sur la microcosmique discussion qu'a provoquée mon coup de gueule du 25/11 (http://www.stephanegetto.com/article-relations-presse-et-twitter-toujours-pas-convaincu-40258873.html). Cela dit, il ne faut rien exagérer. Il n'y a rien – soyons francs: pas grand-chose – de personnel dans tout ça. Mais un problème de fond, sûrement. Et ça n'est pas l'éternelle bataille des anciens et des modernes; réduire le dossier à ça est une facilité pour ceux qui n'ont pas envie de réfléchir sur l'usage qu'ils font de la technique.

Twitter me fait penser à ce que faisaient les reporters d'Europe «numéro un» en mai 1968: grâce à eux, les étudiants-diants-diants pouvaient suivre en temps réel les mouvements des forces de l'ordre dans les rues du Quartier Latin. Le transistor remplissait alors le rôle que peut assurer aujourd'hui Twitter.

Dans un domaine plus dramatique, après les élections présidentielles, les contestataires iraniens ont pu communiquer avec l'Europe grâce à Twitter, alors que le gouvernement croyait avoir tout bloqué.

Là, oui, oui, oui, le télégraphe optique, puis la radio, puis les SMS, puis Twitter... en attendant les futures avancées de la technique, oui, tous ces moyens de communication ont été ou sont bénis.
Pour le reste, je maintiens qu'il est à long terme dommageable pour l'ensemble de la société, et avant tout pour la démocratie, que l'on confonde le débat et le bavardage, l'information et l'air du temps, la rapidité et l'immédiateté.

Quant aux journalistes, ils (et donc "je", pour ceux qui me reprochent de jouer au donneur de leçons) méritent souvent les reproches qui leur sont adressés.Parce qu'on va trop vite, parce que nos moyens se réduisent, parce qu'on cède quelquefois au «à quoi bon»,parce que nous ne sommes que des femmes et des hommes là où l'on croit avoir affaire à des institutions. Mais tant qu'il y aura des journalistes, la mission d'informer sera palpable. Tant qu'il y aura des journalistes, on pourra exiger d'eux qu'ils prennent leurs responsabilités et les juger sur la façon dont ils les assument. Paradoxe: le jour où l'on admettra que seule compte «l'opinion publique» brute, on renoncera aussi à la démocratie. C'est mon avis, et je le partage!

vendredi 27 novembre 2009

Comme un malaise

D'un côté, le trou de la Sécu. On diminue les remboursements, y compris sur des médocs essentiels – pour les malades du diabète, par exemple. «Il paraît, lancé-je imprudemment à ma toubib, qu'"ils" parlent de ne plus rembourser le paracétamol». Une simple rumeur... Et ma toubib, qui n'a pas l'air d'une gauchiste forcenée: «Alors là, non! C'est le médicament de base. Ah, s'"ils" font ça, faudra aller manifester!»

D'un autre côté, la parano générale et multiforme sur la grippe A «H1N1». Personnellement, je n'y connais rien et je ne crois pas qu'un vaste complot ait pris corps pour nous empoisonner tous, dans l'unique dessein d'enrichir les labos pharmaceutiques. Mais enfin, de là à improviser une campagne de vaccination tellement mal fichue que ça finit par tourner à l'émeute...

Du coup, je me rappelle un vieil album de BD qui traîne quelque part au fond de ma bibliothèque. Le voilà : SOS Bonheur, tome 1 (il y en a eu trois), écrit par Jean Van Hamme et dessiné par Griffo. «Le meilleur moyen d'enrayer le déficit chronique de l'assurance maladie est d'interdire aux gens de tomber malades», constatait Van Hamme. Qui a imaginé un monde de fous dominé par la Police Médicale. Big Brother au nom des bons sentiments. L'enfer!

Ça date de 1988. C'était génial.

mercredi 25 novembre 2009

Un perroquet à l'Hôtel de Région

«Petit déjeuner de presse» l'autre matin autour du président (actuel) de la Région Lorraine. Concrètement, une demi-douzaine de journalistes travaillant pour la radio du diocèse (mais si, ça existe !), l'hebdo de l'évêché (bis, on est en Moselle, quand même), le quotidien local dont l'actionnaire est une grande banque mutualiste et désintéressée, l'hebdo « indépendant » (qui a aussi des actionnaires, également désintéressés), etc., prennent le café avec ce grand élu sarcastique, qui leur dit tout le bien qu'il pense de lui-même et tout le mal qu'il pense d'un peu tous les autres. C'est sympa pour entamer une journée de labeur, et comme on n'est pas là pour en tirer forcément un article, autant en profiter en savourant le croustillant des croissants.

Mais il y a toujours un cuistre pour vous gâcher le plaisir. Ce matin, ce sera ce confrère hyper techno, hyper branché, hyper tout, qui place à côté de sa tasse de jus son mini-micro-ordi et pianote sans arrêt tandis que le grand élu déroule sa partition. Et qu'est-ce qu'il pianote-t-il? Il «dialogue», ce brave jeune homme. Via Twitter, il recueille les questions de ses «followers» auxquels il rend compte des propos des uns et des autres. Bref, il est ici mais il est ailleurs, il écoute d'une oreille et comprend d'un hémisphère cérébral.

Et en plus, il cause. Pour répéter au Grand Président les questions qui défilent sur son petit écran. Et là, ça devient complètement n'importe quoi. Notre prétendu journaliste se fait garçon de courses. Sans même prendre le temps d'analyser le sens des questions qu'on lui prie de débiter, sans avoir eu lui-même le besoin de préparer quoi que ce soit, vu que ce sont les «followers» qui s'en chargent, il occupe le terrain et monopolise l'attention.

Jusqu'à ce que le président, Jean-Pierre Masseret, finisse par le renvoyer à ses petits jeux: «Je ne vois, lui rétorque-t-il au bout d'un moment, pourquoi je répondrais à des gens qui ne s'identifient pas.» Je ne suis pas un adorateur béat du dit Masseret, mais sur ce coup-là, merci à lui pour cet éclair de lucidité. S'il invite des journalistes, je suppose que c'est aussi pour savoir ce qu'ils ont compris de l'air du temps. Désolé, JCDR,mais si on fait faire le boulot par n'importe qui n'importe comment, autant le dire tout de suite à nos patrons: n'employer que des standardistes leur coûtera moins cher.
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A lire aussi, si ça vous dit : http://www.slate.fr/story/11825/twitter-facebook-journalistes-ego et les excellents billets du camarade Stéphane sur http://www.stephanegetto.com/.

dimanche 15 novembre 2009

Pelt, la rose et le gerbéra

Biologiste, écrivain prolixe, auteur des documentaires à succès L'Aventure des plantes... Jean-Marie Pelt est en Moselle un personnage considérable. L'un de ces enfants du pays qui ont réussi, que l'on entend à la radio et que les journalistes parisiens sollicitent régulièrement. Généralement, pour défendre une vision originale et vigoureuse de l'écologie, qu'il a fait connaître notamment en dénonçant avant tout le monde les risques des OGM.

Et puis, à Metz, ce neveu d'évêque a adopté une posture étonnante. Dès le début des années 70, il a apporté son soutien au maire Jean-Marie Rausch, indéniableme
nt homme de droite même quand il faisait semblant d'être au centre. Le marché était clair : il apportait sa caution à cette municipalité; en échange de quoi il recevait les moyens d'agir à sa guise, ce qui lui permit de mettre en œuvre le concept d'«écologie urbaine» et de limiter au maximum les dégâts provoqués par la folie bétonneuse des années 50-60.

Je ne vais pas le cacher: même s'il a de mauvaises fréquentations (et l'on va voir par la suite qu'il a vraiment de très mauvaises fréquentations), j'aime bien Jean-Marie Pelt. Entre autres choses, je lui suis reconnaissant, beaucoup d'années plus tard, de m'avoir accordé deux ou trois heures dans
son bureau des Récollets, à Metz, pour m'expliquer, sans aucun mépris pour mon incompétence, ce qu'est un organisme génétiquement modifié, alors qu'il était encore un des seuls en France à en parler.

Et aujourd'hui, que devient-il, au fait? Eh bien, il n'a pas perdu le sens de l'humour. Hier, dans sa chroni
que sur France Inter, il racontait avoir proposé au Parti socialiste de remplacer sa célèbre rose par un chrysanthème, ou par un gerbéra, au motif que ces fleurs ont mis au point, explique-t-il, une organisation hautement «républicaine». Si j'ai bien compris (?), le capitule des gerbéras, qui ressemble à une fleur unique, est en réalité un ensemble de nombreuses petites fleurs qui prennent l'apparence de pétales, de sépales et de pistils. Etonnant, non ?

En tout cas, aux dernières nouvelles, le PS n'a pas suivi le conseil de Pelt, préférant conserver sa rose avec ses épines. Pourtant, on pourrait supposer que J.-M. P. ne manque pas d'audience chez les camarades. Voilà-t-il pas qu'on l'a retrouvé le 7 octobre dernier au siège du conseil régional de Lorraine, où il signait une convention pour aider le président socialiste de la région à «donner du sens» à ses politiques (www.republicain-lorrain.fr/fr/permalien/article/2068406/Pelt-s-allie-a-Masseret.html)... Un peu fumeux, certes, mais une belle opération de com' des socialistes, alors que les Verts, ici comme ailleurs, vont leur mettre des bâtons dans les roues au premier tour des élections régionales.

Je ne sais pas ce qu'a en tête Jean-Marie Pelt, qui n'a vraiment plus besoin de se placer dans le jeu politique local. De toute façon, ça ne changera pas grand chose en mars prochain. Mais quand même,le gerbéra au poing, c'est une sacré bonne idée!

mardi 10 novembre 2009

L'art de la présentation

«Lorsqu'il n'avait rien dans le ventre, il était plutôt du genre timide et empoté de sa personne. Et alors, il n'était pas facile de faire sa connaissance. Il y en avait bien pour penser qu'il était tout à fait charmant, mais il n'en manquait jamais d'autres pour le prendre pour un parfait trou du cul. Alors que la stricte vérité nichait quelque part entre les deux. Pile à mi-chemin même : et sinon ça, pas bien loin en tout cas.»

C'est extrait de Retombées de sombrero, de Richard Brautigan. Ainsi un jour aimerais-je dans le journal écrire. Ce qui n'est demain pas la veille.

Rubrique sportive - Allez Grenoble !

J'ai beau chercher, je ne trouve pas dans les pages «sports» de mon quotidien préféré le moindre éloge de l'équipe de football de Grenoble, Isère. C'est injuste. Les footballeurs de Grenoble, qui ont attendu ce week-end pour obtenir leur premier point de la saison sans avoir encore marqué un seul but, offrent au pays l'exemple d'un désintéressement louable. Voilà le sport comme on l'aime : une bande de potes qui va jouer au ballon le samedi soir, juste pour le plaisir, en se fichant pas mal de viser la lucarne... Grenoble, berceau de la Révolution française qui, aujourd'hui encore, couve les talents qui sont la France de demain (avec une éloquence pareille, je vais finir au ministère de l'Identité nationale), Grenoble nous prouve qu'il ne sert à rien de gagner plus, pourvu que l'on s'amuse. Vive Grenoble !

samedi 24 octobre 2009

En passant

« L'habituel défaut de l'homme est de ne pas prévoir l'orage par beau temps. »
Nicolas Machiavel.

vendredi 16 octobre 2009

J'ai raté Sarko, c'est la faute à Aubry

Sarkozy, je t'ai pas vu ! Le PPPPPrésident est revenu hier en Moselle, à Gandrange, et à la mairie de Metz. Sans prévenir ! Alors voilà, j'avais posé une RTT et j'ai appris ça en écoutant la radio. C'est reposant et à la fois frustrant, et comme le disent toujours les vrais patrons, c'est la faute aux 35 heures.

jeudi 15 octobre 2009

Il y a info et info

On attend pour demain, vendredi 16 octobre, une très, très grosse manif de paysans dans et autour de la ville de Metz. Comme à Strasbourg, le 1er octobre. La préfecture de Région s'est fendue d'un communiqué préventif, invitant la population à suivre en direct les événements et les blocages de la circulation conséquents sur les ondes de la radio France Bleu Lorraine.

Dans le journal qui m'emploie, cette initiative provoque les grincements de dents de quelques membres de la hiérarchie offusqués par cet appel à une supposée concurrence. Ce qui à mon avis est une erreur.
Primo : Radio France, que je sache, est assujettie à une mission de service public, et il n'est pas choquant que les services de l'Etat fassent appel au service public (c'est le contraire qui serait anormal). Lors de la tempête de janvier dernier dans les Landes, les stations de France Bleu Gascogne, Pays Basque et Gironde ont été au centre du dispositif de soutien aux habitants, et je tiens de bonne source que cette action a été d'une qualité incomparable. Je me trompe, Zélie ?Secundo : quand une situation évolue d'heure en heure, la radio reste le meilleur moyen d'information directe ; le journal n'intervient qu'en second temps, avec ses contenus spécifiques. Oui, mais, m'objecte-t-on, nous sommes désormais présents sur le web. OK ; seulement, quand on est au volant de son auto, bloqué derrière un amas de tracteurs, on n'a pas son ordinateur à portée de main. Le web sur le téléphone portable n'est encore utilisé que par une minorité de gens.

En fait, les réactions que j'ai enregistrées dans la rédaction me semblent être l'expression d'un vieux fond impérialiste, un réflexe institutionnel qui prévalait au temps où « le journal » jouissait d'un monopole absolu qui permettait à ses dirigeants d'être les cogestionnaires de la vie publique. Le vieux patron qui a vendu le journal il y a trois ans croyait encore qu'il était capable de désigner tout seul qui serait maire ou député, comme dans les années 70.
Bet zou bet un amzer, un amzer tremenet... (cherchez pas, c'est une vieille chanson bretonne).

Ce qui m'étonne, c'est que ce sont de (un peu) plus jeunes que moi qui restent ancrés dans cette illusion du pouvoir et de la considération. N'empêche que demain, quand ils chercheront les déviations, ils seront bien contents de trouver le service public sur leur autoradio !

dimanche 11 octobre 2009

Sarko et nous dans une caserne

Sarko ayant choisi d'atterrir dans une caserne, plutôt qu'à côté de l'ex-aciérie de Gandrange, et de n'en repartir qu'à bord de son hélicoptère, son déplacement dans l'agglomération de Metz, jeudi dernier, est finalement passé quasi-inaperçu, en tout cas pour la population. En mai dernier, lorsqu'il avait honoré de sa présence la ville de Nancy, celle-ci s'était retrouvée en état de siège, au point que des étudiants avaient carrément été empêchés de rejoindre le lieu d'un examen. Alors, pour la tranquillité publique, disons finalement qu'on aime autant ne pas le voir.

Heureusement, il y avait la presse pour relayer la parole du seigneur. Toujours hyper bien organisés, les services du Président (avec un grand P) avaient tout prévu, depuis le petit café pour accueillir les journalistes jusqu'au relevé final des annonces délivrées par Sarko. Comme il n'est pas question d'approcher du Grand Leader, la presse avait été confinée au fin fond de la salle, et a pu suivre la réunion sur de beaux grands écrans de télé. C'est toujours comme ça, d'ailleurs, depuis que le petit Nicolas a succédé au grand Jacques, qu'on va finir par regretter.

Au passage, un petit gag. Sarko a lancé in extremis l'annonce de la mise à deux fois trois voies de l'autoroute Nancy-Metz, puisque ce nigaud d'animateur de la table ronde avait oublié de lui poser la question. C'est bien la peine qu'on lui prépare tout à la préfecture ! Du coup, le PPPPrésident a mal lu son topo, qui précisait que cela concernait aussi le contournement de Thionville. Ca n'a l'air de rien, mais sur le terrain c'est capital ; et le maire de Thionville, qui n'a entendu que la parole du seigneur sans avoir lu la note distribuée à la presse, s'en est ému. Encore un socialiste qui va rater l'ouverture, tout ça pour une étourderie.

Repéré encore, au premier rang de l'assistance, le big boss d'une grande banque qui contrôle plus ou moins, plutôt plus que moins, toute la presse écrite de la moitié est du pays. Je me demande s'il y a là de quoi faire mollir toute plume tentée par un brin de critique, mais je dois avoir mauvais esprit.

En tout cas, le non-événement de la visite de Sarko a entraîné un vrai événement dans le journal qui m'emploie : l'éditorial du lendemain a été rédigé et signé par un rédacteur en chef. Du coup, on est pressé que Sarko revienne dans le coin !

samedi 10 octobre 2009

Une petite grande dame

On a la chance, dans ce métier, de pouvoir faire des rencontres qui marquent. Ainsi ai-je croisé l'autre semaine Madame Marthe Cohn, une petite dame d'un mètre cinquante de haut, une grande dame qui raconte en souriant comment on la considérait dans les rues de Metz, il y aura bientôt un siècle, comme une
« sale juive ».


Je ne lui ai pas demandé de me raconter sa guerre : il suffit pour ça de lire ses mémoires. Ça n'est pas un chef d'œuvre littéraire, peut-être. C'est juste de la vie, de la chair, de la révolte et de la joie. Pas mal, non ? Mais durant deux heures, nous avons parlé de l'antisémitisme, celui d'avant-hier et celui d'aujourd'hui. J'ai bien aimé écrire l'article qui a suivi (http://www.republicain-lorrain.fr/fr/article/2046086,75/Au-nom-de-tous-les-siens.html). Peut-être que deux ou trois lecteurs auront aimé le lire. Je n'en sais rien, car le seul commentaire que j'en ai recueilli vient... d'un élu local du Front national, qui chicane parce que Marthe Cohn a fait un rapprochement « historiquement inexact » entre Maurice Barrès et l'Action française. Ça peut se discuter, mais ça n'a en fait aucune importance.

J'ai tout de même un regret. J'aurais voulu parler avec Marthe Cohn du drame palestinien ; nous n'en avons pas eu le temps. Madame Cohn, 89 ans, vit aux États-Unis. J'espère qu'elle repassera un de ces jours par la Lorraine.

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P.S. - Nous sommes quelques-uns à avoir croisé, jeudi, le président Sarkozy. Professionnellement, un moment intéressant ; du point de vue humain, beaucoup moins mémorable qu'une ou deux heures avec Mme Cohn.

mercredi 7 octobre 2009

Exclusif : le Président en Lorraine !

Rien que pour donner raison aux pisse-froid qui n'aiment pas l'exhibitionnisme des journalistes-bloggeurs, je récidive et poursuis ma série « ma trombine partout ». En voici une que j'ai plaisir à exhumer. Au premier plan, barbu comme Agamemnon, c'est moi ; et à côté, un jeune homme dont on ne savait pas alors qu'il deviendrait l'un des Vosgiens les plus importants de l'administration de Metz-Métropole, c'est vous dire que j'ai des relations !


Oui, mais non. En fait, la vraie photo était cadrée plus large, avec un autre personnage à gauche (si j'ose dire).

Puisque demain, jeudi 8 octobre 2009, on reçoit près de Metz le mari de Carla B., il fallait bien rendre hommage à l'amant fantasmé de Lady Di !

jeudi 1 octobre 2009

Marseille précède Sarko

Reçu cette invitation :

« Le Centre des Jeunes Dirigeants, les DCF, l'ANDRH, et la DFCG sont heureux de vous communiquer la date de leur prochaine manifestation en présence de Jacques Marseille qui se tiendra à l'Arsenal de Metz le 6 octobre prochain. La soirée se poursuivra autour d'un cocktail dînatoire sur le thème des vins du Monde. Les bénéfices de la soirée seront reversés à une association soutenue dans le cadre de la Fondation Batigère. »

Conférence par un invité-vedette suivie d'un pince-fesses arrosé de vins fins : ça, c'est chic ! Ah, j'oubliais le thème de la soirée : « Marre de la crise ? ». Finalement, c'est cohérent...

Et puis, deux jours plus tard (on attend toujours une confirmation officielle de la date), le département de la Moselle devrait être honoré par une visite du Président de la République. On ne sait pas où il s'arrêtera ; on suppose juste qu'on ne devrait pas le voir du côté de Gandrange. C'est vrai, quoi, on en a marre, de la crise !

mercredi 2 septembre 2009

Poursuivons le préfet pour atteinte au moral des citoyens !

Ayant beaucoup médit de la communication publicitaire mise en œuvre par les pouvoirs publics, je dois aujourd'hui rendre hommage à la résistance active exercée par la préfecture de la Moselle contre le bourrage de crâne. Jugez-en par cette invitation envoyée, en août, aux rédactions locales :

« POINT PRESSE - CHIFFRES DE L’EMPLOI EN LORRAINE
Chantal CASTELNOT, Secrétaire Générale pour les Affaires Régionales de Lorraine, présentera, en présence de Serge LEROY, Directeur régional du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, et de Marie-Hélène VOIRIN, Directrice de Pôle Emploi Moselle, les grandes tendances en matière de chômage pour le mois de juillet 2009 en Lorraine jeudi 27 août 2009 à 16h00 dans la salle TUAILLON de la préfecture de la Moselle. »

Récapitulons : sous le titre « Chiffres de l'emploi », on nous annonce une revue des tendances « en matière de chômage ». J'ignore s'il s'agit d'une inattention due à la canicule ou d'une sincère volonté de parler vrai... Mais enfin, il ne m'est pas désagréable de voir rappeler à l'excellent Xavier Darcos, par ses propres services, qu'il est d'abord ministre du Chômage.

lundi 17 août 2009

Pour Gamma

Depuis le 30 juillet, l'agence Gamma est en redressement judiciaire. Ce qui signifie pour elle la proximité d'une disparition pure et simple ou, au moins mal, sa transformation en agence de presse au petit pied, qui se consacrerait essentiellement à diffuser des photos de stars et de conférences de presse. Une pétition a été mise en ligne pour appeler à sauver Gamma. Je doute qu'une pétition, quel que soit le nombre des signatures qu'elle recueillera, puisse avoir quelque effet que ce soit. C'est d'ailleurs pourquoi je ne signe quasiment jamais de pétition...

Mais celle-là, je l'ai signée. Pas pour avoir mon nom dans la même liste que Martine Aubry ou Jean-François Copé : ces deux-là auraient certainement des moyens d'agir bien plus efficaces qu'une simple signature, s'ils voulaient vraiment défendre le "pluralisme de la presse" !

Je l'ai signée parce que Gamma représente bien plus qu'une entreprise en difficulté. Gamma, c'est un rêve. C'est le reportage tel que les patrons de presse n'en veulent plus, le reportage qui s'engage, le reportage qui ne s'arrête pas à l'écume des vagues, le reportage qui coûte cher sans garanties, le reportage qui ne prend pas les journaux pour des produits marketing ni les lecteurs pour des consommateurs.

Je l'ai signée parce que je crois qu'il est bon, parfois, que survivent des groupes de gens pas rentables, au service du monde. C'est important, au moins autant que de sauver les banques, et ça coûterait tellement moins cher...

Si le coeur vous en dit : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/medias/20090806.OBS6647/appel__sauvons_lagence_gamma_.html

dimanche 2 août 2009

J'irai revoir la Normandiiiie


Moment historique : voici la première page de pub sur ce blog. Pub gratuite, tout de même, et juste pour dire que je tiens mes promesses. Car j'ai promis de dire tout le bien que je pense des membres du personnel de l'hôtel-restaurant « Les Alizés » et de l'hôtel-restaurant « Au P'tit Mousse », tout deux situés à Courseulles-sur-Mer (Calvados).

De passage cet été dans ce ravissant port de pêche, j'y ai égaré mon appareil photo tout neuf, que la femme de ma vie venait de m'offrir pour la fête des Pères. Mais le patron et la patronne du P'tit Mousse ont repéré les gougnafiers qui s'étaient emparé de l'engin, et ont eu vite fait d'en obtenir la garde. Puis ils se sont livrés à une enquête digne de FBI, porté disparu, en déterminant que les dernières photos prises avec l'appareil venaient de l'être depuis la fenêtre de l'hôtel voisin, où votre serviteur avait pris pension. Vous avez suivi ? Bref, c'est comme ça que les gens du P'tit Mousse et des Alizés m'ont rendu mon Olympus, alléluia. Comme on me l'a dit au P'tit Mousse, « pas cons, les Normands! »


En plus, la table y est bonne. Alors, si vous passez par là... Voilà, j'ai tenu ma promesse et j'arrête de vous raconter ma vie.


Je peux maintenant laisser derrière les vacances, la Normandie et la Bretagne, et reprendre le boulot. En laissant l'appareil photo à la maison, ça sera plus prudent.




jeudi 30 juillet 2009

Gino

Je viens de tomber, un peu en retard (eh ! Je rentre tout juste d'un petit séjour vivifiant en Bretagne !), sur un étonnant papier de l'hebdo La Semaine (http://www.lasemaine.fr/2009/07/01/les-quotidiens-lorrains-et-alsaciens/preview/preview). Un peu d'émotion à la lecture des souvenirs de Gino T... Quand j'étais tout timide stagiaire à L'Est, place Thiers, je me demandais si j'arriverais un jour à avoir la prestance de ce gars-là, cégétiste et collectionneur de moules à beurre ! Aujourd'hui, je ne suis devenu ni l'un ni l'autre, mais ça n'enlève rien à l'affectueuse admiration que je continue à éprouver pour le personnage.

samedi 18 juillet 2009

Travailler le dimanche ? Sarko a tout compris

J'ai beau me prélasser à deux degrés 35, environ, à l'ouest du méridien de Greenwich (et, aujourd'hui, pas beaucoup de degrés Celsius), je n'échappe pas aux échos de la vie publique. Ainsi ai-je appris sans surprise l'adoption par les députés, tout de même pas unanimes, de la loi sur le travail dominical. A ce propos, je me souviens que dans le journal qui m'emploie, nous (la section CFDT et le SNJ) avions organisé il y a quelques années une consultation des journalistes à ce sujet.

Explication : nous publions le journal sept jours sur sept. Les journalistes sont donc mobilisés le dimanche, moyennant une rétribution supplémentaire, sur la base du volontariat. Ce systéme fonctionne depuis des décennies sans que, au grand jamais, ne se soit produite l'hypothèse catastrophe : un dimanche sans volontaire ! Parce qu'en réalité, on s'aperçoit très vite que ce principe du volontariat est un mirage. Esprit d'équipe, appât du gain, pressions de la hiérarchie, conscience professionnelle... Tout concourt, sans qu'on puisse vraiment déterminer ce qui prévaut, à la présence bon gré mal gré des effectifs nécessaires chaque dimanche. (Quelque chose me dit que, assurant le moins de services dominicaux possible dans l'année, je dois passer pour un mauvais camarade; mais bon, j'ai assez donné...)

Il est évident, au vu de l'expérience, que la garantie du "volontariat" proclamée par Sarko est parfaitement illusoire. Et plus encore pour des employés du commerce, nettement moins bien protégés du point de vue des droits sociaux que les journalistes.

Quant à la consultation dont je vous parlais plus haut, elle visait à savoir s'il était opportun de mettre en place un système de repos supplémentaires (les 35 heures et les RTT n'existaient pas encore) plutôt qu'un régime de piges banalisant la semaine de six jours. Le résultat a été parfaitement clair : la grande majorité des confrères et consoeurs nous a indiqué que, ouais, ça serait pas mal, mais tu comprends, dans mon cas, j'ai la maison à payer, les études de l'aîné ou le crédit du 4x4... En clair, la plupart des collègues avaient intégré ce revenu "supplémentaire" dans leur niveau de vie. Les mêmes ne seront pas les derniers à râler parce qu'ils ne voient pas grandir leurs enfants, ce qui fait partie de la complexité de la nature humaine.

J'espère quand même que mes patrons ne vont pas lire ce message, parce que la conclusion est claire - et pas nouvelle : avec trois sous, on peut tout acheter, même la qualité de vie des salariés. J'ai bien envie de retourner sur la plage...

lundi 13 juillet 2009

De passage

Même démobilisé, un journaliste reste en proie à des démangeaisons d'écriture. En témoigne le petit billet publié dans le courrier des lecteurs du dernier Télérama (n° 3 104), signé... Dominique Dréan.

Dominique Dréan a quitté la rédaction du journal qui m'emploie un peu sans dire au revoir, mais, bon. Ça n'empêche qu'il présente une particularité très remarquable : ce journaliste est resté plus de vingt ans dans la même rédaction sans que je n'entende jamais personne dire du mal de lui. Et ça, dans notre belle profession, c'est un sacré exploit ! Même l'ancien rédac' chef, pourtant champion toutes catégories en matière de médisances gratuites, ne s'est jamais exercé sur Dominique. Ou alors, c'est passé inaperçu.

En plus, je crois me souvenir que Dominique Dréan est un lecteur et amateur d'André Hardellet ( Le Seuil du Jardin, Lourdes, lentes... ). Ce qui fait qu'on regrette encore plus son départ...

mercredi 24 juin 2009

Elle est toujours là

Aujourd'hui, les journaux ne parlent que de ça : la France a un "nouveau" gouvernement, avec un Mitterrand dedans ! Tous les commentaires étant déjà faits, et sûrement bien faits, nous nous contenterons de survoler l'événement (comme mon camarade d'"Au quotidien d'ici", je ne rechigne pas devant un nous de majesté). Alors, tiens, nous nous bornerons à remarquer qu'il n'y a toujours pas de Mosellan parmi les excellences, et que donc le scoop d'il y a quinze jours était effectivement du n'importe quoi. D'ailleurs, on ne voit pas pourquoi Sarko s'obligerait à inclure un Mosellan dans l'équipe à Fillon, vu qu'il n'a guère plus de considération pour ce beau département que pour la Bretagne. Et puis, il y a toujours la Lorraine de service, j'ai nommé Nadine M.

Quant à l'adjectif "nouveau", on peut relativiser. Il y a toujours MAM dans la bande, cette fois à la Justice, sans doute pour apaiser les néochiraquiens. Du coup, j'exhum
e cette vieille image d'une MAM ministre de la Défense, qui était venue dans les bureaux du journal qui m'emploie, en 2004, je crois, soutenir son camarade Aillagon en campagne électorale. Ce jour-là, vraiment par hasard, j'avais sorti ma cravate du dimanche. Je suis sûr qu'elle s'en souvient avec émotion.

vendredi 19 juin 2009

Piégé !

A force de faire le malin, ça devait m'arriver : ce blog est menacé d'une récup' politique - et donc aussi son auteur. D'un côté, c'est plutôt flatteur; mais c'est surtout sacrément piégeux, comme on dit chez nous.

C'est l'excellent Roger Cayzelle qui est la cause de mon tourment (http://vivrelaville.over-blog.com/article-32127280.html). Pour les quelques-uns qui l'ignorent encore, Roger est un ancien ponte de la CFDT lorraine, habilement devenu président du conseil économique et social de la région, et auquel on prête quelques ambiitons politiques au sein du PS (si celui-ci passe l'hiver, mais, bon).

Et voilà que sur son blog, Roger scotche l'adresse du Couarail et me lance, au passage, une bordée de compliments à faire rougir un ancien communiste devenu écolo.

Quoi de plus emmerdant pour un journaliste normalement constitué que de voir un politicien, même aussi estimable que Roger, afficher quelque complicité envers lui? Le piège, je vous dis!

J'aime beaucoup Roger Cayzelle, comme bonhomme. J'adhère nettement moins à son itinéraire syndicalo-politique, mais ça, ça me regarde. Je suis sensible à ses marques d'estime, car je me force à être assez naïf pour faire comme si elles étaient indiscutablement sincères. Mais je lance un appel à tout ce que la droite lorraine compte d'internautes : arrangez-vous pour qu'un élu bien réac m'envoie quelques petites flatteries de derrière les fagots; comme ça, ça rétablira l'équilibre !

jeudi 18 juin 2009

Un reporter, ça rapporte. Et puis c'est tout!

En couverture de l'hebdo La Vie de cette semaine (n° 3329), cet appel : "Iran : ce qu'a vu notre reporter". Enfin ! Enfin, une rédaction qui ne se paie pas de mots, et qui annonce tout simplement la couleur. En pages intérieures, jour par jour, voire heure par heure, le récit des cinq jours vécus à Téhéran par Anne Guion. Anne Guion qui, donc, est reporter. Et qui a fait son métier, en racontant comment elle a travaillé, qui elle a rencontré, ce qu'elle a entendu... et vu. Un reportage, quoi !

"Ce qu'a vu notre reporter". Ce titre devrait être répété à longueur de Unes. Il résume en cinq mots ce qu'on devrait demander en permanence aux reporters : dire ce qu'ils ont vu et, accessoirement, ressenti.

Au lieu de quoi trop souvent, de plus en plus souvent, les rédacteurs en chef ou les chefs de service - et surtout ceux qui ne sortent jamais de leur bureau - envoient aujourd'hui leurs reporters sur le terrain en les dotant d'une mission précise : rapporter un angle prédéfini, voire illustrer une vision pré-établie des événements. Le témoignage n'est plus guère de mise.

Merci à La Vie pour ce rappel basique : le reportage, c'est d'abord du récit. Et un reporter, c'est quelqu'un à qui on fait confiance, pas quelqu'un à qui on dit ce qu'il va dire... Mais au fait, pourquoi je m’énerve, moi ?

mardi 16 juin 2009

Camarades du «Figaro»...

Ils ont beau être (réputés) de droite, je me déclare solennellement solidaire de l'ensemble des journalistes du Figaro. Frères et sœurs de plume, mobilisons-nous pour soutenir ces malheureux dans l'épreuve la plus éprouvante que puisse connaître une rédaction!

Le Canard enchaîné se fait l'écho du désarroi des journalistes du Figaro après la condamnation de leur proprio, Serge Dassault (83 ans), à un an d'inéligibilité. Ils craignent aujourd'hui que le patron, privé de son jouet politique, n'ait envie de revenir diriger activement le journal, voire d'y écrire.

La rédaction du journal qui m'emploie a connu cette catastrophe. En 1999, la patronne, fille du fondateur du journal, a passé l'arme à gauche - c'était la première fois, d'ailleurs, qu'elle laissait quelque chose à gauche. L'heure de la revanche avait sonné pour son époux, -poux de la reine, -poux de la reine..., qui depuis toujours rêvait d'être un patron de presse et qui, jusqu'à présent, n'avait réussi qu'à être le mari de Madame et le pote du maire.

Durant une demi-douzaine d'années, ce fut terrible! Au début, le rédacteur en chef, qui était un vrai journaliste, a payé de sa personne pour protéger autant que possible la rédaction. Mais il fut vite remplacé par un histrion incapable de dire autre chose qu' «amen» ; et dès lors, nous fûmes soumis en permanence à la valse des caprices d'un vieillard dans un monde de vieillards.

Aujourd'hui, le journal racheté par une grande banque et en voie d'intégration dans un grand groupe de presse, nous sommes dans la tourmente du monde des affaires. Nous devrions être épouvantés et révoltés. Il n'empêche : camarades du Figaro, nous sommes avec vous de tout notre coeur !

samedi 6 juin 2009

L'arbre et la forêt

Le journal qui m'emploie doit se préparer à vivre une révolution. Avant la fin de cette année, les journalistes devront avoir appris à calibrer leurs articles en... nombre de signes, et non plus en nombre de lignes comme ils en ont l'habitude depuis des lustres. My God !

Ce changement capital, ce pas décisif vers la modernité doit être célébré à coups de trompe. Enfin, le XXIe Siècle est à nous...

Au fait, on nous annonce cette réforme existentielle à l'occasion de la mise en œuvre d'un nouveau logiciel rédactionnel – le troisième en quinze ans. Un système qui, accessoirement, facilitera grandement la circulation des articles, photos, pages au sein d'un monstrueux groupe de presse.

Mais enfin, ce n'est là qu'un détail sur lequel on ne saurait s'attarder. D'ailleurs, je pense que j'ai épuisé mon quota de signes.

vendredi 5 juin 2009

Merhaba !

De la Sublime Porte (Istanbul), on nous mande qu'un fidèle du Couarail est fort désappointé. Soucieux de produire quelque commentaire à destination de nos lecteurs d'Europe, cet expatrié fut bien malheureux d'apprendre que le Grand Vizir a condamné au silence ses sujets adeptes de «Blogger», la mémoire du grand Ata Turk ayant été offensée, nous dit-on, par quelque vidéo occidentale. La Turquie n'est pas encore tout à fait démocratique, hélas – mais comme nous le fait observer ce même correspondant d'Orient, ce n'est pas la nation qui vient d'adopter la loi «Hadopi» qui est la plus fondée pour lui en faire reproche.

dimanche 31 mai 2009

Bientôt l'été

Les premières fraises des bois au pied de la cabane au fond du jardin. Un évènement largement aussi important que de se creuser les méninges pour savoir si Sarko n'aurait pas l'étrange idée de faire entrer au gouvernement le président du conseil général de la Moselle... J'en connais qui s'excitent sur cette rumeur comme si leur vie en dépendait. On s'occupe comme on peut ; moi, je préfère écouter pousser les fraises des bois !

mercredi 27 mai 2009

Patriiiiick !

Je vous ai raconté (message du 29 avril) le harcèlement pratiqué par le service de presse du bon André Santini. Dans le genre, une visite de l'avenant Patrick Devedjian, "ministre auprès du Premier ministre chargé du Plan de Relance" (sic), s'est montrée tout aussi instructive.

Au cours de sa journée en Moselle, le ministre a visité une demi-douzaine de chantiers financés par son fameux plan de relance. Ce qui revient à : dix voitures lancées à fond de train sur les routes départementales, avec cinq ou six motards pour ouvrir la route ; des arrêts successifs, dix-quinze minutes à chaque fois : le ministre descend de sa limousine, serre quelques mains un peu au hasard, fait semblant de s'intéresser aux travaux et reprend la route. Bon, après tout, ça fait partie de la fonction, même si ça n'apporte pas grand-chose à la République.

Plus utile peut-être, une réunion en préfecture avec des fonctionnaires, le trésorier-payeur général, des représentants du bâtiment, de l'artisanat, etc. Là, on dresse l'oreille : c'est peut-être l'occasion d'évaluer les effets concrets du plan et de recueillir des infos utiles au public. D'ailleurs, la presse est dument invitée... à un "tour d'images". Les cadreurs et les photographes sont autorisés à prendre quelques plans de l'assistance, avant d'être évacués vers le hall adjacent.

Et là, je pose la question : à quoi peut servir de diffuser des images d'un évènement auquel on n peut assister ? Ça, c'est de la communication et exclusivement de la communication. Franchement, on aura marqué un point le jour où aucun photographe, aucun caméraman ne se déplacera pour ce genre d'imposture.

Tout de même, le service de... communication du ministre a prévu dans son emploi du temps un moment pour un "point presse". On va enfin savoir... Bernique ! Un brin gênée, l'attachée de presse de la préfecture vient nous expliquer que le ministre a pris du retard, qu'il va falloir se contenter d'une très rapide entrevue dans le couloir. Ben voyons. Je me concerte rapidement avec mon confrère préféré de l'hebdomadaire local (Matthieu, on t'a reconnu) pour préparer une question et sa relance, et on agrippe notre Patrick. "Le plan de relance, est-ce que ce n'est pas qu'une aubaine pour les communes qui cherchant à faire payer par l'Etat les vieux projets qui trainent dans leurs cartons ? Et la crise, comment se porte-t-elle ?" En trois phrases de parfaite langue de bois, Devedjian nous expédie. Et avec ça, débrouille-toi mon gars pour écrire un reportage et un édito !

Finalement, c'était une visite coûteuse (au prix du kérosène) parfaitement inutile. Mais Devedjian a eu sa photo dans les journaux et sur l'écran de France 3, et le préfet a eu une bonne note. Bof !

Il ne faut pas. Couper les phrases. Hacher le discours. Et abréger les idées.

Quiconque aligne des mots devrait avoir à portée de main, en permanence, le petit volume d'Olivier Houdart et Sylvie Prioul intitulé L'art de la ponctuation (Points-Le goût des mots). Juste un extrait qui me ravit:

« Il existe sur le Net un Comité de défense et d'illustration du point-virgule, dont les membres s'engagent à « chanter ses louanges en toute occasion » et à l'utiliser « chaque fois que ce sera approprié ». Serment digne de celui des Horaces ! Sans faire partie de la confrérie, nous agissons dans l'ombre, rajoutant ces points-virgules décriés avec le sentiment d'accomplir un – petit – acte de résistance. Auquel s'ajoute, si le point-virgule se substitue à un point, le plaisir de rallonger la phrase, qui a ces temps-ci tendance à rétrécir. »

Fait divers

Dans Le Canard enchaîné de cette semaine (20/05), Alain Guédé commente un essai de Julie Sedel, Les Médias et la banlieue (éd. Le Bord de l'Eau). Pour expliquer l'absence des banlieues dans nos pages et sur nos écrans, sinon en cas d'émeutes ou de faits divers, cette observation : "Contrairement aux apparences, traiter les banlieues coûte cher. Il faut y passer du temps pour comprendre les habitants, gagner leur confiance et délier les langues. Beaucoup de temps pour pas beaucoup de place dans les pages"...

Bien vu. Les rédactions locales de nos quotidiens régionaux pourraient jouer ce rôle d'envoyés permanents dans les "banlieues", mais on peut douter de l'enthousiasme avec lequel les rédactions en chef accueilleraient leurs contributions.

Il s'en passe pourtant des choses, en banlieue, des petits exploits quotidiens réalisés pour et par les gens du lieu ! En rendre compte, les analyser, les commenter ne serait que rendre compte de la vie qui va, ce qui est le moins que l'on doive à nos lecteurs.

Ce serait un investisssement à long terme, de la même nature que la micro-locale de campagne qui aide à maintenir grosso modo le volume des abonnements dans les zones rurales. Mais la technostructure qui nous dirige raisonne de façon bien plus immédiate. L'essentiel, c'est le gros titre qui (croit-on) va faire vendre.

C'est ainsi que depuis le début de cette année, sauf erreur, le quartier de Borny – banlieue presque caricaturale de la ville de Metz – n'a eu droit qu'une seule fois aux 5 colonnes à la une, dans le quotidien local du 20 mai : "Un bébé congelé trouvé à Borny". Bien "à Borny", pas "à Metz", ni même "à Metz-Borny". CQFD !

vendredi 15 mai 2009

Plaisanterie facile

Hier à Nancy, Fillon a ironisé sur l'appel de Chevénement à voter "nul". Très mauvaise analyse politique: on ne voit pas pourquoi le Che n'appellerait pas à voter pour lui-même.

mercredi 29 avril 2009

La méthode du parapluie

En 1991, un an avant de créer le "Quai des Bulles" à Saint-Malo, le dessinateur Fournier était venu à Nancy pour une séance de dédicaces. Super cadeau au collègue chargé du papier de circonstance : il offre au journal, et donc aux lecteurs, un petit Spirou inédit. Oui,mais... Voila-t-il pas qu'au moment de la mise en page, un secrétaire général de rédaction adepte de la méthode dite du parapluie maximum s'avise que l'irrévérencieux dessinateur a utilisé pour désigner notre vénérable publication le surnom que tout le monde emploie, sauf la patronne qui, paraît-il, l'avait en horreur. Alors son croquis passera aux oubliettes, parce qu'on n'est jamais trop prudent. Et c'est votre serviteur qui le récupérera...

Promis-juré, tout ça, c'est de l'histoire, et aujourd'hui plus aucun journaliste ne réagirait de la même façon. Si, si, on vous le jure !

La Sarkozie est une épreuve,même en province !

La préfecture du département où paraît le journal qui m'emploie a eu l'honneur, la semaine dernière, de recevoir le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, André Santini, venu vendre aux fonctionnaires du cru les charmes de la « révision générale des politiques publiques ». Ce qui a donné lieu à un sketch qui nous surprend encore, même si nous en avons déjà connu beaucoup en matière d'autocensure, tentative de censure et amicales pressions. Allez, je vous raconte.

Ça commence le jeudi. Mon rédacteur en chef adjoint préféré (il n'y en a que deux, c'est facile) a reçu un coup de téléphone du service de presse du ministère des Finances, dont dépend le secrétaire d'Etat à la Fonction publique. Service de presse qui l'informe du déplacement prévu et lui propose "en exclusivité" (!) une interview de Santini. Interview, façon de parler: on écrit les questions, on les envoie par mail et le ministère nous réexpédie les réponses. Saine réaction de mon rédacteur en chef adjoint vénéré : non, merci, on préfère avoir Santini au téléphone et noter nous-mêmes les réponses. Je vous explique le truc : on sait très bien que lorsqu'on prend des réponses écrites, elles ne sont pas rédigées par l'interviewé, mais par ses conseillers, et lues et relues par tout un staff. Autant proposer au gouvernement d'écrire lui-même le journal, quoi. On s'est encore fait avoir comme ça il y a deux ou trois mois par le cabinet de Roselyne Bachelot, et j'avais alors informé mes rédacteurs en chef, adjoints ou pas, que je ne marcherais plus dans cette combine. Message reçu, apparemment.

Grognements du « chargé de presse », que nous appellerons Benjamin; mais, bon, finit-il par craquer, puisque vous y tenez... Je passe les détails, mon adorable rédacteur en chef adjoint me refile le bébé, le rendez-vous téléphonique est calé pour le vendredi à 10 h, etc. Seulement, me dit tout à trac le Benjamin, il faut qu'il puisse relire le texte avant parution. Mon inestimable rédacteur en chef adjoint avait dit oui, mais il avait oublié de m'en avertir. Bon! OK, admetté-je avec une patience qui m'étonne encore, mais si il y a des corrections, elles ne porteront que sur des chiffres ou des termes administratifs que j'aurais pu mal comprendre. D'accord ? D'accord, pas de prob' !

L'entretien, que je prends soin d'enregistrer sur mon vieux dictaphone, se déroule tout bien, je transcris le tout, un poil de mise en forme, et voilà. J'expédie le paquet à mon Benjamin…

Je pense qu'à ce stade du récit, ce n'est pas la peine de vous faire un dessin : lundi matin, je trouve dans ma boîte mail l'interview toute réécrite, avec des tas de phrases que Santini n'avait pas dites et, à l'inverse, sans un certain nombre de termes qui figurent bien sur mon magnétophone. Du genre « foutoir » (pour qualifier l'administration française) ou « remettre de l'ordre » (pour résumer un aspect de la réforme). Illico, j'informe mon brave Benjamin, avec copie à mon sémillant rédacteur en chef adjoint (je commence à manquer d'adjectifs), qu'il n'a pas respecté nos conventions et qu'il peut donc aller se brosser : « Je vous rappelle toutefois que nous avions convenu que les corrections ne pourraient porter que sur des aspects techniques ou administratifs ; nous conserverons donc l'essentiel des formules utilisées par M. Santini, en nous reportant au verbatim de l'interview. »

Mais c'est qu'il est tenace, le Benjamin ! Durant toute la journée, il nous assaille de coups de fil, en protestant qu'il est « responsable de la parole de l'Etat », qu'il doit respecter un « protocole », que ceci, que cela... Mon inestimable rédacteur en chef adjoint a tenu bon, et malgré un dernier mail comminatoire parvenu à la rédaction à 20h30 (« Vous ne pouvez publier l’interview d’André Santini sans notre validation. Merci de publier l’interview validée et envoyée vendredi 17 avril en fin de journée et seulement cette version. »), on publiera bien dans l'édition du mardi la vraie interview. Qui, d'ailleurs, ne comporte vraiment aucune révélation susceptible de me donner le Pulitzer.

Voilà une petite histoire assez édifiante sur les pratiques de la Sarkozie. Benjamin avait en effet raison sur un point : la quasi-totalité des confrères, surtout nationaux, respecte sa règle du jeu et ne publie les paroles des éminences qu'avec imprimatur. En outre, aujourd'hui, non seulement ces interviewes « officielles » sont revues avant publication, mais elles sont soumises au préalable au contrôle du service de presse du Premier ministre lui-même. Bref, la mission d'information de la presse devient un acte de communication gouvernementale. Et les équipes des ministres tombent des nues quand on leur oppose une résistance, si infime soit-elle. Alors, sur ce coup-là, merci à mon respecté rédacteur en chef adjoint qui n'a pas cédé à la facilité. Et dire qu'avec tout ça, on n'a même pas fait tomber le gouvernement !

lundi 13 avril 2009

Un très bon souvenir


Rencontre en Belgique, en janvier 1981...
Frédéric Pottecher est mort le 13 novembre 2001.

C'était qui, au fait ?
Ben, cherchez un peu, bande de jeunots !
(Photo Michel Cossardeaux)

Un sale souvenir, parmi d'autres

"Nous sommes une entreprise moderne", disait-il devant les chefs de service et les chefs d'agence silencieux. Et quelques minutes plus tard : "Je ne crois pas qu'une femme puisse diriger un service d'hommes." Une amabilité entre mille autres à l'égard de celle qui lui avait succédé à la tête du service des sports. Lui, on ne sait par quelles intrigues, était devenu rédacteur en chef - du moins le croyait-il, inconscient hochet agité par un patron tellement plus malin que lui !

De cette réunion dont je ne me rappelle plus le prétexte, la consœur est sortie lessivée, malade, en larmes. Et à une exception près, l'aréopage est resté muet.

Cela ne remonte pas au XIXe siècle. C'était au début de notre vaillant XXIe siècle. Cet homme-là, aujourd'hui, est un paisible retraité qui consomme gentiment ses indemnités de départ. Parmi ceux qui assistaient à cette séance, beaucoup sont encore en place dans l'entreprise moderne. La plupart sans doute ont oublié cet incident.

Je ne me suis pas levé, je n'ai pas quitté la pièce, moi non plus. Je me contente juste de ne pas serrer la main de ce personnage quand je le croise par hasard. C'est tellement peu...

Bye bye, Claude !

A la fin de 2007, le journal qui m’emploie a connu son tremblement de terre. D’entreprise familiale depuis des lustres, il est brusquement tombé dans l’escarcelle d’une banque. Et franchement – au début –, on a plutôt bien aimé…

C'est vrai, la famille P... a rendu les armes en empochant le pognon. Bye bye Claude, on ne vous regrette pas ! Le maire de Metz ne peut plus téléphoner directement au 5ème étage du journal comme le faisait son prédécesseur, hier ou avant-hier. Et, tiens, on va le dire : ça y est, on est une entreprise jeune et moderne, décomplexée et bien dans son époque.


Ce qui veut dire : du pipole à tout va, en poussant à fond les manettes pour "organiser le buzz" et faire cliquer l'internaute sur nos pages web. Ça ne rapporte pas un rond, mais c'est moderne.

Ça veut dire, aussi, sous une apparence de liberté retrouvée, une gestion du personnel, pardon : un management pour lequel seule compte la rentabilité à court terme. Faut-il faire un dessin ? Des effectifs constamment orientés à la baisse, une politique salariale dégagée des conventions sociales et fondée sur le « mérite » (c’est-à-dire à la tête du client), la polyvalence à tout va…

Le journal était géré par des épiciers qui, entre deux calculs d’intérêts, se piquaient de politique locale. Il est aujourd’hui tenu par des banquiers qui se soucient comme d’une guigne de la qualité de ce qu’ils vendent : la seule chose qui compte, c’est vendre.

mardi 31 mars 2009

Un scoop

A ma connaissance, la seule image où on voit cette feignasse de Tintin faire son boulot. Et c'est du solide, pas du genre "écrire court pour être lu" (poil aux fesses).
Mais non, j'lui veux pas de mal, au patron de l'UMP !
Pas physiquement, en tout cas...

(Merci à Thierry Nicolas pour cette belle image.)

dimanche 29 mars 2009

Il faut bien commencer par quelque chose

"Tillinac, c'est ringard!" Mais bien sûr... Sommes-nous vraiment certains de ne plus correspondre à ce qu'il écrivait de nous (et de lui) dans les années septante? A bien y regarder, j'ai des doutes...Pour ouvrir ce blog, dont je ne sais pas ce qu'on en fera, deux extraits du "Spleen en Corrèze". L'auteur est de droite, je sais. Mais ce qu'il a écrit il y a trente ans peut encore nous poser des questions. On va regarder ça de près !




« Du côté des puissants »

« On nous connait de vue. Le localier est un accessoire familier du paysage social. Lorsqu’ils nous voient passer dans la rue avec notre appareil, les gens disent : « Tiens, le journaliste de La Gazette ! Il doit y avoir un accident quelque part. »

Accident ou cérémonie. Ils nous voient prendre des photos dans toutes les manifestations – et s’imaginent sans doute que nous les dédaignons, car nous allons directement saluer les responsables, les membres du bureau, les ordonnateurs de la manifestation. Les « importants » de Tulle. Eux, ils sont dans la salle. Comment comprendraient-ils que nous faisons notre métier, que les « importants » nous renseignent ? Comment sauraient-ils que nous nous moquons souvent des « importants » en aparté, et que nous ne sommes pas loin de considérer toute personne qui « s’occupe de quelque chose » comme une sorte de malade ?

A leurs yeux, nous avons passé la barrière, du côté des puissants et de leur faire-valoir. Il est vrai que nous contribuons au fonctionnement d’un « système » : une chronique locale, en gros, c’est l’histoire au jour le jour d’une cinquantaine de notables – les péripéties de leur succession dans le temps, leurs propos, leurs conflits, les rites grâce auxquels ils perpétuent leur emprise. La plupart des localiers s’y laissent piéger. Pas tous. »

Notable

« Dans une petite ville, le localier est impliqué partout et à tout niveau. Il faut jouer le jeu. (…) Un localier devrait changer toujours d’exil. S’il s’enracine, il devient un notable. Dans cette hypothèse – la plus fréquente –, il se trahit : on ne saurait être à la fois chasseur et gibier. »

Denis Tillinac
Spleen en Corrèze
(éd. Robert Laffont)