dimanche 31 mai 2009

Bientôt l'été

Les premières fraises des bois au pied de la cabane au fond du jardin. Un évènement largement aussi important que de se creuser les méninges pour savoir si Sarko n'aurait pas l'étrange idée de faire entrer au gouvernement le président du conseil général de la Moselle... J'en connais qui s'excitent sur cette rumeur comme si leur vie en dépendait. On s'occupe comme on peut ; moi, je préfère écouter pousser les fraises des bois !

mercredi 27 mai 2009

Patriiiiick !

Je vous ai raconté (message du 29 avril) le harcèlement pratiqué par le service de presse du bon André Santini. Dans le genre, une visite de l'avenant Patrick Devedjian, "ministre auprès du Premier ministre chargé du Plan de Relance" (sic), s'est montrée tout aussi instructive.

Au cours de sa journée en Moselle, le ministre a visité une demi-douzaine de chantiers financés par son fameux plan de relance. Ce qui revient à : dix voitures lancées à fond de train sur les routes départementales, avec cinq ou six motards pour ouvrir la route ; des arrêts successifs, dix-quinze minutes à chaque fois : le ministre descend de sa limousine, serre quelques mains un peu au hasard, fait semblant de s'intéresser aux travaux et reprend la route. Bon, après tout, ça fait partie de la fonction, même si ça n'apporte pas grand-chose à la République.

Plus utile peut-être, une réunion en préfecture avec des fonctionnaires, le trésorier-payeur général, des représentants du bâtiment, de l'artisanat, etc. Là, on dresse l'oreille : c'est peut-être l'occasion d'évaluer les effets concrets du plan et de recueillir des infos utiles au public. D'ailleurs, la presse est dument invitée... à un "tour d'images". Les cadreurs et les photographes sont autorisés à prendre quelques plans de l'assistance, avant d'être évacués vers le hall adjacent.

Et là, je pose la question : à quoi peut servir de diffuser des images d'un évènement auquel on n peut assister ? Ça, c'est de la communication et exclusivement de la communication. Franchement, on aura marqué un point le jour où aucun photographe, aucun caméraman ne se déplacera pour ce genre d'imposture.

Tout de même, le service de... communication du ministre a prévu dans son emploi du temps un moment pour un "point presse". On va enfin savoir... Bernique ! Un brin gênée, l'attachée de presse de la préfecture vient nous expliquer que le ministre a pris du retard, qu'il va falloir se contenter d'une très rapide entrevue dans le couloir. Ben voyons. Je me concerte rapidement avec mon confrère préféré de l'hebdomadaire local (Matthieu, on t'a reconnu) pour préparer une question et sa relance, et on agrippe notre Patrick. "Le plan de relance, est-ce que ce n'est pas qu'une aubaine pour les communes qui cherchant à faire payer par l'Etat les vieux projets qui trainent dans leurs cartons ? Et la crise, comment se porte-t-elle ?" En trois phrases de parfaite langue de bois, Devedjian nous expédie. Et avec ça, débrouille-toi mon gars pour écrire un reportage et un édito !

Finalement, c'était une visite coûteuse (au prix du kérosène) parfaitement inutile. Mais Devedjian a eu sa photo dans les journaux et sur l'écran de France 3, et le préfet a eu une bonne note. Bof !

Il ne faut pas. Couper les phrases. Hacher le discours. Et abréger les idées.

Quiconque aligne des mots devrait avoir à portée de main, en permanence, le petit volume d'Olivier Houdart et Sylvie Prioul intitulé L'art de la ponctuation (Points-Le goût des mots). Juste un extrait qui me ravit:

« Il existe sur le Net un Comité de défense et d'illustration du point-virgule, dont les membres s'engagent à « chanter ses louanges en toute occasion » et à l'utiliser « chaque fois que ce sera approprié ». Serment digne de celui des Horaces ! Sans faire partie de la confrérie, nous agissons dans l'ombre, rajoutant ces points-virgules décriés avec le sentiment d'accomplir un – petit – acte de résistance. Auquel s'ajoute, si le point-virgule se substitue à un point, le plaisir de rallonger la phrase, qui a ces temps-ci tendance à rétrécir. »

Fait divers

Dans Le Canard enchaîné de cette semaine (20/05), Alain Guédé commente un essai de Julie Sedel, Les Médias et la banlieue (éd. Le Bord de l'Eau). Pour expliquer l'absence des banlieues dans nos pages et sur nos écrans, sinon en cas d'émeutes ou de faits divers, cette observation : "Contrairement aux apparences, traiter les banlieues coûte cher. Il faut y passer du temps pour comprendre les habitants, gagner leur confiance et délier les langues. Beaucoup de temps pour pas beaucoup de place dans les pages"...

Bien vu. Les rédactions locales de nos quotidiens régionaux pourraient jouer ce rôle d'envoyés permanents dans les "banlieues", mais on peut douter de l'enthousiasme avec lequel les rédactions en chef accueilleraient leurs contributions.

Il s'en passe pourtant des choses, en banlieue, des petits exploits quotidiens réalisés pour et par les gens du lieu ! En rendre compte, les analyser, les commenter ne serait que rendre compte de la vie qui va, ce qui est le moins que l'on doive à nos lecteurs.

Ce serait un investisssement à long terme, de la même nature que la micro-locale de campagne qui aide à maintenir grosso modo le volume des abonnements dans les zones rurales. Mais la technostructure qui nous dirige raisonne de façon bien plus immédiate. L'essentiel, c'est le gros titre qui (croit-on) va faire vendre.

C'est ainsi que depuis le début de cette année, sauf erreur, le quartier de Borny – banlieue presque caricaturale de la ville de Metz – n'a eu droit qu'une seule fois aux 5 colonnes à la une, dans le quotidien local du 20 mai : "Un bébé congelé trouvé à Borny". Bien "à Borny", pas "à Metz", ni même "à Metz-Borny". CQFD !

vendredi 15 mai 2009

Plaisanterie facile

Hier à Nancy, Fillon a ironisé sur l'appel de Chevénement à voter "nul". Très mauvaise analyse politique: on ne voit pas pourquoi le Che n'appellerait pas à voter pour lui-même.