mercredi 28 avril 2010

Mirabelle, couarail, télé et indépendance

La mirabelle est un symbole de notre belle Lorraine ; le couarail aussi. Pour les lecteurs d'ailleurs qui passeraient par hasard sur ce blogue, je rappelle qu'en Lorraine, on appelait couarail la séance de palabre tenue le soir sur le seuil des maisons, au temps où la télé n'existait pas. Éventuellement, en se tapant un petit verre d'eau-de-vie de mirabelle.

Ce lointain souvenir n'est pas le seul lien entre la mirabelle et le couarail. Le dernier en date est relaté ce matin dans le journal local: le conseil général de la Moselle lance sa chaîne de télé, baptisée «Mirabelle TV». Et, figurez-vous, on aura droit deux fois par mois à une émission de 52 minutes qui s'appellera... «Le Couarail». Pour un peu, je crierais au plagiat.

Revenons aux choses sérieuses. Une télé financée par un conseil général, créée à moins d'un an d'élections cantonales un peu difficiles pour la majorité départementale, ça peut prêter à réfléchir. Mais seuls des esprits tordus y trouveront à redire. L'article du journal de ce matin, qui ne s'embarrasse pas de questions irrévérencieuses, l'affirme au contraire: le rédacteur en chef de Mirabelle TV «ne nourrit "aucune inquiétude sur l’indépendance d’une télévision" dont l’actionnaire principal à hauteur de 60 % est le conseil général de Moselle et plus accessoirement quelques collectivités locales». Des collectivités locales, mais lesquelles? Réponse, qui n'était depuis quelques semaines qu'un secret de Polichinelle: «Le CIC (10 %), le Crédit Mutuel (16 %), Le Républicain Lorrain (4 %), la Chambre de Métiers de la Moselle (2 %), le FC Metz (1 %)» (accessoirement, ça nous fait un total de 93%, et le journal ne nous dit pas où sont les 7% restants). Précision complémentaire: «Mirabelle TV est construite sur le même modèle économique qui régit actuellement France télévisions». Dont le véritable président, nous rappelle opportunément la Une de Télérama cette semaine, n'est autre que Nicolas Sarkozy, c'est dire!

La mirabelle est un fruit à noyau. Espérons qu'il ne sera pas trop dur à avaler.

jeudi 15 avril 2010

Le web sans pub !

Mon fils, qui n'est pas génial que parce qu'il est mon fils, vient d'installer sur l'ordinateur familial un truc formidable. Il s'agit de «Adblock Plus», un module de Firefox qui ne charge plus les publicités dans les pages web (ici). Ne me demandez pas comment ça marche; mais je peux vous assurer que ça marche! Exemples:

Une page d'un journal pris au hasard sans Adblock Plus


...et la même avec Adblock Plus.


Etonnant, non? Et tellement plus agréable! (En plus, les pages s'affichent plus rapidement, ce qui ne gâte rien.)

Ça fonctionne aussi sur les blogues. Démonstration :

Sans Adblock plus...


...avec Adblock Plus.

Voilà un bien beau progrès, qui risque en outre de poser un sacré problème aux éditeurs s'il se généralise. Plus de pub sur le web, c'est toute l'économie du système qui est à revoir. Sans doute l'obligation de faire payer les internautes au juste prix, ce qui remettrait un peu d'équité dans le match entre le web et le papier. On verra bien... En attendant, amis internautes, n'hésitez pas: équipez-vous (c'est gratuit) de ce dispositif d'avenir, et ne vous laissez plus empuber !
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P.S. - En fait, ce système existe déjà depuis plusieurs années; mais personne n'en fait... la pub. Va falloir changer ça, scrogneugneu!

jeudi 8 avril 2010

A suivre...

Je vous livre tels quels ces vers de mirliton reçus hier.
Vers de mirliton peut-être, mais qui marquent certainement l'évolution de nos m
étiers,
et pas seulement de la Filpac(1).

«Cette nuit, en quittant son poste,
il a certainement eu un pinceme
nt au cœur,
Tout comme moi lorsque je l'ai quitté.
Une page de l'histoire de la Filpac vient de se tourner
Le dernier m
onteur a envoyé sa dernière page qui est partie rejoindre les autres sur la roto.
Demain, le jour va se lever,

la journée va défiler le soir va tomber,
tout comme les pages, les unes après les autres au CTP pour rouler sur la roto.
Mais l'écran du dernier monteur restera noir.

Pour combien de temps, le temps de rebondir
et de trouver l'inspiration
pour écrire la suite de l'histoire de la Filpac

Mais il ne faut pas désespérer, car une chose est sûre, toute évolution aussi moderne soit-elle

a contribu
é à la disparition de certains métiers, et à en faire émerger d'autres.
La page
est tournée mais le livre ne se referme pas
à nous tous d'écrire notre aveni
r»
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(1) La Filpac est la fédération CGT des ouvriers du Livre.

mercredi 7 avril 2010

Bichelberger lève un lièvre

Je dois confesser un péché de suffisance: j'avais toujours éprouvé un a priori défavorable envers l'écrivain Roger Bichelberger, alors que je n'ai jamais rien lu de lui. Il me semblait faire partie de cet encombrant aréopage de courtisans qui entourait ma défunte patronne, Marguerite P.-D., et s'imposait sans vergogne dans les colonnes de l'illustre journal où elle m'avait fait l'honneur de m'embaucher.

L'habit ne fait pas le moine, donc, et je me suis comporté comme un cuistre à l'encontre de Bichelberger, qui, je suppose, n'en a rien à f...aire. Avant de revoir totalement mon jugement, je vais quand même m'atteler à la lecture de l'un ou l'autre de ses bouquins; mais ce qui motive ce mea culpa, c'est un très bon portrait de l'écrivain paru dimanche dans le journal local. Un bon papier, vraiment, étoffé de témoignages, assez laudateur certes – mais pourquoi pas, si la consœur est suffisamment séduite par cet homme-là pour souhaiter que s'y rallie la masse de ses lecteurs?

Une seule chose me chagrine dans tout ça, c'est l'évocation à plusieurs reprises dans ce texte d'Anne et Gérard Philippe. Avec deux p, oui. (Tous les plus de 37 ans et demi, environ, se souviennent que, superstitieux comme un acteur, Gérard Philipe avait étudié son pseudonyme de façon à ce qu'il ne compte que treize lettres. Ça ne lui a pas porté chance jusqu'au bout, ce qui prouve que la superstition porte malheur.) Que la faute ait été commise au moment de la rédaction est navrant. Qu'elle n'ait pas été rectifiée au moment adéquat par le secrétaire de rédaction, «dernier rempart» contre la barbarie orthographique ou stylistique, l'est encore plus par ce que cela signifie.

C'est que, de plus en plus, ces confrères et consœurs sont accaparés par des tâches techniques, qui requièrent avant tout une bonne maîtrise de la bureautique et qui, surtout, les privent du temps nécessaire à l'exercice de leur mission journalistique. La veille, dans le même journal, mais à une autre rubrique, on avait découvert une magnifique évocation de l'irruption de la Montagne Pelée. Joli! (Et même: Joli... le journal – je vous demande pardon, ça m'a échappé.)

Des comme ça, on en trouve tous les jours. Ce n'est pas que les journalistes, dans l'ensemble, sont moins bons en rédaction française que leurs prédécesseurs; c'est même souvent le contraire. Mais remplacer des metteurs en page par des journalistes et des correcteurs par des automates informatiques...
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A lire: www.republicain-lorrain.fr/fr/permalien/article/2944413/L-ecrivain-eveilleur.html