vendredi 28 janvier 2011

On ne s'ennuie jamais, avec les socialistes...

En fouillant de vieux ouvrages pour étayer un reportage consacré à André Henry, qui fut le seul et unique ministre du Temps libre de la République entre 1981 et 1983, je suis fortuitement tombé sur le discours de Pierre Mauroy au congrès du PS de Bourg-en-Bresse du 29 octobre 1983. Et en particulier sur ce passage:
«Pierre Mauroy: L'exercice de la démocratie exige le pluralisme et la clarté. Il faut donner un coup d'arrêt à la constitution de monopoles de presse toujours plus puissants et monolithiques. (Applaudissements.) Il faut savoir qui possède réellement le capi­tal des entreprises de presse. (Très vifs applaudissements) ... Je n'ai pas fini ...
Les résistants l'avaient bien compris. Une ordonnance a été prise, dans ce but, en 1944, sous l'autorité du général de Gaulle. Elle n'a jamais été appliquée. Il faut lui rendre force de loi ... (applaudissements) en l'adaptant aux réalités de la presse contemporaine. Chers amis, chers camarades, je vous le demande, faut-il le faire!
La salle: oui.
Pierre Mauroy: eh bien! Nous le ferons!
La salle: oui, oui! (Applaudissements.)
Pierre Mauroy:Notre liberté, c'est d'abord de garantir le pluralisme. C'est d'organiser la liberté pour permettre la démocratie. (Applaudissements.)»
(A gauche, Pierre Mauroy, Albin-Michel 1985).

Le futur simple n'a pas de limite dans le temps. N'est-ce pas, camarades?

mardi 25 janvier 2011

Notre rubrique: «Ces manies qui agacent»

Les lecteurs des journaux se demandent parfois comment ces nuls de journalistes peuvent écrire des énormités sans sourciller. Ainsi, je viens de voir dans un papier économique l'indication « 212 millions d’euros » devenir « 21 M€ ». Alors, pour les lecteurs des journaux, il faut rappeler comment se passent les choses.

Un journaliste rédacteur écrit un article. C'est-à-dire qu’il le tape dans un fichier informatique. Aussitôt qu’il l’a validé, les miracles de l’électronique font qu’un autre journaliste, qui occupe le poste envié de « secrétaire de rédaction », peut s’emparer du travail réalisé et, si nécessaire, l’améliorer par des corrections, des procédés de mise en page, de la titraille, etc.

Dans le cas qui nous intéresse (ou qui m’intéresse, parce que vous n’êtes pas obligés, hein), le camarade secrétaire de rédaction a cru bon de remplacer l’expression « 212 millions d’euros » par l’abréviation « 212 M€ ». C’est la grande mode, ces mégaeuros qui n’existent que dans la tête des technocrates. Et en manipulant sa souris pour effacer l’original et placer son bidule, il a aussi effacé le dernier chiffre, ce qui nous amène à nos « 21 M€ »… Vous avez suivi ?

En tout cas, moi, des « millions », ça me cause plus que des « M€ ». Ça fait quatorze caractères de plus dans la page, certes, et l’obsession du « écrire court » est telle que je pense qu’elle n’est pas étrangère à cette manie. N’empêche. Ça énerve, d’autant plus que celui qui passe pour un couillon est celui qui a signé l’article, pas celui qui l’a torturé. Tant qu’à faire, celui-ci aurait pu remplacer mes « 212 millions d’euros » par « 2 120 k€ », ça ferait encore plus techno !

samedi 22 janvier 2011

Tous ensemble... hélas!

Rédacteur en chef de L'Express, spécialiste des médias, Renaud Revel vient de consacrer un article de son blog à la concentration des journaux dans la moitié est du pays. Il reprend en fait un communiqué de l'intersyndicale des Dernières Nouvelles d'Alsace, illustrant assez bien la confusion des genres qui est en train de s'installer dans les entreprises de presse contrôlées par le Crédit Mutuel.

«Que reste-t-il du pluralisme de l'information en Alsace?», s'interrogent les confrères de Strasbourg. On pourra étendre le propos au fur et à mesure que s'étendra la prise en main des rédactions par l'actionnaire unique: que restera-t-il du pluralisme de l'information dans toute cette vaste zone qui s'étend de la frontière belge à la Provence, quand les commentaires et les éditos ne seront plus inspirés que par une unique source?

Cette perspective n'a rien d'une fiction. Elle a toutes les chances d'être une réalité avant... 2012. A bon entendeur, salut!

mardi 18 janvier 2011

Le web sans pub, ça marche toujours

Juste un petit rappel à l’intention de ceux qui ont loupé les précédents épisodes. Il existe un système simple, gratuit et efficace pour nettoyer nos écrans de la pub qui les pollue en permanence. Allez-y voir : un billet publié  ICI en mars 2010 vous dit tout sur la chose. C’est super.

dimanche 16 janvier 2011

Exclusif: le programme de la gauche pour la presse

Un scoop. Voici ce qu'envisagent les partis de gauche pour la presse après l'élection présidentielle:
« Des mesures immédiates permettront d'établir un prix de revient des journaux inférieur à leur prix de vente et de faciliter l'accès des journaux aux moyens modernes d'information, d'impression et de diffusion (…). 
Afin de garantir l'existence de la presse d'information et de favoriser son développement, des mesures seront prises : exonérations fiscales, aide au prix du papier, tarifs de distribution et tarifs de l'A. F. P. favorisant les journaux, répartition équitable de la publicité d'État et du fonds culturel. Un fonds d'aide aux entreprises de presse sera créé.  
Seront exclues du bénéfice de ces mesures toutes les publications émanant des organisations patronales et des sociétés financières, industrielles et commerciales.  
Tous les journaux devront publier leurs comptes une fois par an et la liste de leurs participants financiers, comme cela était prévu par l'ordonnance du 26 août 1944.  
Toutes les dispositions applicables aux entreprises de presse éditrices seront intégralement étendues aux sociétés de gestion d'imprimerie constituées par des entreprises de presse et aux entreprises dont l'impression des journaux et périodiques constitue leur activité (…).»
Pas mal... Ah oui, mais non. C'est juste un extrait du Programme commun de gouvernement du Parti communiste et du Parti socialiste signé le... 27 juin 1972. Bon, ben, tant pis.