jeudi 14 avril 2011

Savoir vivre

Hier, nous avons porté en terre un collègue, qui, à 62 ans, a succombé à un cancer. «J'ai rarement connu quelqu'un qui fasse autant l'unanimité en sa faveur», me dit l'un de ses amis. Formule passe-partout, que l'on ressert fréquemment à la sortie d'une église. Oui, mais... exceptionnellement, il me semble que Guy Hombourger répondait très exactement à cette définition. Pour la première fois peut-être dans ce genre de circonstances, je n'ai rien entendu, rien, qui la contredise. Pas la moindre plaisanterie aigre-douce, pas la plus petite réserve du style «il était bien un peu ceci cela, mais...» C'est assez rare pour entrer dans nos mémoires.

Je ne faisais pas partie du cercle de ses amis, au sens propre. Guy était un camarade, un bon camarade. Et un peu plus que cela. Je lui dois de rares, mais toujours arrivés à point, conseils lorsque j'étais jeune délégué syndical. Il ne se mettait pas en avant, mais glissait l'impression juste au moment où cela était nécessaire.

Et pour ne pas alourdir le tableau, je n'évoquerai qu'un seul souvenir. Un matin, lors d'une réunion de cadres du journal, le rédacteur en chef de l'époque dont le nom ne mérite pas d'être cité s'en était pris violemment à une consœur, sur le mode du mépris machiste. Guy a été le premier à réagir, quittant la salle sans ostentation. Une leçon de simple courage et d'honnêteté que je n'ai jamais oubliée, et que beaucoup d'autres n'ont pas appliquée dans des circonstances similaires. C'est tout, et ça fait du bien.

mercredi 6 avril 2011

Arithmétique salariale


Le programme tant attendu du Parti socialiste vient d'être diffusé, pour éclairer l'aube du grand soir (et vice-versa). Alléluia! Il propose entre autres que les salaires des grands patrons des entreprises publiques ne puissent plus être supérieurs à vingt fois le plus petit salaire de la maison. Mais comment fera-t-on? Il s'agit de plafonner la rémunération du boss, ce qui est très moral. Moi, je trouve qu'il aurait été plus efficace, plutôt que s'attaquer au plafond, de... relever le plancher. Donc, d'imposer que le plus bas salaire ne puisse pas être inférieur à un vingtième du salaire du chef. Heu... dans un premier temps, bien sûr.

dimanche 3 avril 2011

«Déontologie»: les gros mots du PS

Plongé dans une recherche désespérée de son identité de gauche, hi, hi!, le Parti socialiste vient de se souvenir que la presse et les médias pourraient faire l'objet de quelques propositions porteuses. Après tout, quelques-uns de ses électeurs potentiels se rappellent l'article XI de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.


Donc, le bureau national du PS vient d'approuver un rapport émouvant, où il est même question de «charte éditoriale» et de «déontologie». Ça ne va pas le rapprocher vraiment des patrons de presse et de ceux qui ont pris leur place, mais ce n'est sans doute pas l'objectif. Le PS parle aussi de lutter contre la concentration des entreprises de presse. Nous, on a trouvé la parade: il suffit de faire grève une fois et bing !, ça fait exploser le bazar. Mais bon, c'est d'une efficacité douteuse et ça pourrit l'ambiance; donc, si le prochain gouvernement de gauche (en 2017 ? 2022 ?) pouvait légiférer sur la chose, ça serait aussi bien. Vivons d'espoir !