samedi 1 septembre 2012

Ne dites pas à ma mère que je suis au Répu, elle me croit journaliste dans un grand quotidien régional

33, rue des Carmes - 54000 Nancy.
Ce 1er septembre 2012 ne restera peut-être pas comme une date historique – il ne faut rien exagérer –, mais en tout cas comme une étape importante dans l'histoire de la presse écrite lorraine. A partir d'aujourd'hui, il ne reste qu'un seul quotidien représenté à Nancy : L'Est Républicain. L'agence du Républicain Lorrain, rue des Carmes, a fermé définitivement hier soir, poursuivant un cycle de décadence entamé depuis plus de trente ans. Le Républicain Lorrain, qui n'avait plus d'édition en Meurthe-et-Moselle Sud depuis la fermeture de son agence de Pont-à-Mousson en 2004, n'est plus présent désormais que dans l'ensemble du département de la Moselle et dans le nord de la Meurthe-et-Moselle (Briey, Longwy, Jarny). Avant 1972, le quotidien mosellan couvrait toute la Meurthe-et-Moselle et la Meuse.

Faut-il, ne faut-il pas regretter que les tentatives de la famille Puhl pour mettre la main sur l'Est Républicain, dans les années 70 (1), aient échoué? L'actionnaire actuel, le Crédit Mutuel, ne fait après tout que poursuivre la même logique de concentration... Egalement propriétaire de l'Est Républicain et de toute la PQR d'Alsace, de Bourgogne et de Rhône-Alpes, le Crédit Mutuel oblige les rédactions à s'échanger leurs contenus, ce qui permet de détruire un bon paquet d'emplois et de «valoriser» les outils de production. Le point commun entre les Puhl et le Crédit Mutuel, c'est le souci assez primaire de gagner un maximum d'argent; la différence, peut-être, c'est que les Puhl ne considéraient pas tout à fait qu'un journal est une entreprise comme les autres (quittes à en faire parfois mauvais usage, mais c'est une autre histoire).

A Nancy, les bureaux du Républicain Lorrain étaient installés dans la maison natale d'Edmond de Goncourt. La classe! J'ai laissé dans ces pièces du rez-de-chaussée d'innombrables souvenirs. Je ne terminerai pas sans évoquer la mémoire de Jean-Louis, qui doit hanter les lieux.

L'histoire continue; je ne sais pas jusqu'où le déclin se poursuivra. Inch' Allah!
(1) Plein de détails sur cette histoire dans le livre édité en 2009 par le C.E. de L'Est Républicain, «Chronique d'un quotidien», rédigé par Jérôme Estrada et par le grand reporter François Moulin, décédé le 13 août dernier à l'âge de 53 ans.