dimanche 31 août 2014


Le socialisme, c'était quoi ?

 

« Aussi nombreux que soient les chemins qui conduisent au socialisme, tous se rencontrent en un point : la propriété. Et selon la réponse que l’on donne à la question suivante : la propriété des moyens de production là où se développent les tendances au monopole, là où se créent des biens indispensables à la vie et à la sécurité du pays, restera-t-elle privée ou sera-t-elle transférée à la nation, on adhère, ou non, au socialisme. »


François Mitterrand, L’Abeille et l’architecte, 1978.
 

vendredi 4 avril 2014



De notre envoyé spécial…

Serai-je le dernier spécimen d’un genre voué à disparaître ? Je suis frappé par la résignation des mes frères et sœurs journalistes, face au travail de sape de plus en plus sournois mené contre nos rédactions. Petit rappel pour ceux qui ont manqué les épisodes précédents : dans, les années 2000-2010, le Crédit Mutuel a mis la main sur tous les quotidiens régionaux du nord-est de la France, de Grenoble à Strasbourg, y compris celui qui me fait l’honneur de m’employer. On nous a expliqué que c’était ça ou la mort, ce qui était un peu excessif mais pas totalement faux. Toujours est-il que nous sommes aujourd’hui dirigés par des banquiers, qui sont sans doute d’excellents professionnels. Et c’est là que ça cloche : nos patrons font très bien leur métier de banquiers, qui n’est pas un métier de patrons de presse. Leur truc, pour s’en sortir, consiste à coller des méthodes de banquier sur la gestion de la presse, et forcément, ça frotte pas mal. Allez expliquer à un comptable, même plein de bonnes intentions, les notions de droit à l’information, de droits d’auteur, de responsabilité personnelle, d’identité rédactionnelle… Il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre.
 Je ne vais pas revenir sur toutes les étapes du processus d’intégration des journaux au système Crédit Mutuel – on en reparlera sans doute. Mon dernier haut-le-cœur remonte à la lecture de l’édition de mardi du journal qui me fait l’honneur, etc. Ce jour-là, on devait rendre compte du grand procès du moment, celui du meurtre de deux malheureux enfants de l’agglomération messine, dont on accusait un sinistre malfaiteur également originaire de la proche région. Un beau fait divers comme on les aime dans la presse régionale, de ceux qui résonnent dans tout le pays sans rien perdre de leur saveur locale (réécouter ce cher Georges B. : « C’est pas seulement à Paris / Que le crime fleurit… »). Et là, surprise : le principal papier consacré à l’affaire est rédigé et signé par un confrère venu d’un autre journal de la galaxie Crédit Mutuel.
Ça peut paraître insignifiant, mais pour nous, cela veut dire beaucoup. Deux hypothèses :
1. Les journalistes locaux sont mauvais, et on va chercher ailleurs un bon pro pour s’occuper des choses sérieuses. Je n’évoque cette piste que dans le souci d’être complet ;
2. On poursuit la fusion des équipes des différents journaux de la galaxie Crédit Mutuel, déjà bien avancée dans les domaines de l’informatique, de la technique, de la publicité, des rédactions sportives et des services d’informations générales, et on entame le cœur du métier : l’information régionale et locale. 
Processus logique, même si on sait qu’il est à terme mortifère. Et voilà pourquoi je suis surpris par l’absence de réactions au sein de la rédaction. Au point où nous en sommes… pourquoi ne pas faire couvrir l’élection du maire de Metz , dans le journal de dimanche prochain, par un commando désœuvré recruté en Franche-Comté ou en Isère ? De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace !

dimanche 30 mars 2014

 Signé Michel Dinet

Michel Dinet s'est tué hier soir, en voiture, à la veille du deuxième tour des élections municipales. Depuis que la nouvelle est connue, les rédactions et les sites internet sont inondés de communiqués d'hommage. Et pour une fois, je crois que la plupart, quels qu'en soient leurs auteurs, sont vraiment sincères. Michel Dinet, ex-député de Meurthe-et-Moselle et président du conseil général de ce département, était un homme politique très particulier. Je laisse le soin à d'autres d'en faire le panégyrique ; j'ai juste besoin de confier ma peine, semblable à celle de centaines d'autres, mais pas moins réelle. Un internaute de ma connaissance a écrit tout à l'heure: "Dinet m'avait redonné confiance en la politique". Cela dit tout.

En 1993, je quittai Nancy pour Metz, après avoir suivi pendant quelques années les séances du conseil général de Meurthe-et-Moselle. Ces années-là étaient extraordinaires: l'assemblée réunissait des personnalités telles que Michel Dinet, Jacques Chérèque, Claude Huriet, Tony Trogrlic, Claude Gaillard... Jamais je n’ai vu dans un conseil général aussi riche, intellectuellement ; et les débats qui l'animaient étaient d'une qualité que je n'ai retrouvée nulle part ailleurs.


Et ces hommes-là – la parité n'était pas de mise, et c'est bien dommage – , non contents d'être des hommes politiques d’envergure, n’oubliaient pas d'être avant tout des hommes, tout simplement. Quand je quittai Nancy en 1993, donc, je fus invité à déjeuner par le groupe socialiste du conseil général. Ce n'était pas de sa part un acte de communication. C'était juste, de la part de son président Michel Dinet, un geste de sympathie à l'issue de longues années de fréquentation parfois rugueuse, toujours respectueuse. Je garde précieusement la dédicace posée sur le livre qui me fut offert ce jour-là, Les doigts pleins d'encre de Doisneau et Cavanna.

jeudi 27 mars 2014



Travaux pratiques



Alors que je feuilletais sans passion excessive mon journal, mardi matin, je suis tombé en arrêt devant un court reportage, deux colonnes en pied de page : « Luttange : 8h30 pour dépouiller les votes ». C’était le surlendemain du premier tour des élections municipales, les pages regorgeaient de savantes et judicieuses analyses, conjectures et confidences ; et voilà qu’un quidam venait nous raconter comment les habitants d’un patelin quasi inconnu – 909 habitants, aux dernières nouvelles – en ont bavé jusqu’à pas d’heure pour élire leur conseil municipal. Ce qui signifiait, au passage, que le quidam s’était donné la peine de se véhiculer jusque dans la campagne mosellane, et d’y rester, stoïque et solidaire, jusqu’au terme des opérations. A moins qu’il ne se fût laisser enjôler par quelques rondeurs locales, mais ne digressons pas et préservons la paix des ménages.

Le fait était déjà notable et je cédai illico à l’envie d’en faire une mention sur ma page Facebook, juste pour partager avec quelques camarades le plaisir de cette évocation de la démocratie de proximité. Accessoirement, ce deux colonnes me rappelait une soirée en banlieue de Metz, lors des primaires socialistes pour la présidentielle. On aurait pu en rester là ; mais voilà que le « jeune confrère » responsable de cet articulet m’explique (en me donnant au passage du « Monsieur » et du vouvoiement, l’animal, histoire de réveiller mon blues du quinquagénaire) qu’il est parti en virée parce qu’exaspéré par le plantage de nos sites web . « Je me suis dit : allons raconter ce que ni France 3, ni Facebook ne sauront. Et j'ai adoré cet instant, vraiment ! », poursuit-il. Eh bien, voilà : en deux phrases, tout le charme de notre métier, avec ou sans web. C’est bien, non ?

Et en plus, cette historiette me donne le prétexte que je cherchais plus ou moins consciemment pour réanimer ce blog. On verra bien si ça dure !