vendredi 18 octobre 2019

Monsieur le rédacteur en chef du journal local,

De passage hier vers 13 heures au centre de la ville, j'ai vu un attroupement de plusieurs dizaines d'individus ruisselant de pluie devant l'entrée de l'agence d'une grande banque plus ou moins strasbourgeoise. Ces femmes et ces hommes qui distribuaient des feuilles de papier imprimées aux passants ne m'ont pas semblé hostiles, agressifs ou je-ne-sais -quoi. J'aurais bien aimé savoir ce qui les rassemblait ainsi dans le vent ; toutefois, le mauvais temps m'a découragé de les rejoindre pour les interroger. « Bah !, me suis-je dit, je verrai ça demain dans mon journal local ».

Ce matin, me voici bien déçu. Mon journal local, qui m'est distribué à 6 h 30 pétantes presque tous les jours par une porteuse héroïque, ne me dit rien sur ce rassemblement insolite en plein centre de la ville à une heure de grand passage. Sans doute n'en avez-vous pas été informé, car dans le cas contraire je suis certain que vous auriez exigé de vos journalistes qu’ils en rendent compte et satisfassent la curiosité légitime qui nous pousse à renouveler chaque année notre abonnement à votre publication. Il paraît que vous avez expliqué, lorsque vous avez été nommé rédacteur en chef du journal local, que vous vouliez en faire « le journal du coin de la rue » ; et même, on m'a rapporté que votre propre patron proclame « local is the new cool » (en utilisant un idiome supposé le rapprocher des vraies gens, je suppose). Si vous voulez savoir d'où je tiens cela, demandez à votre collègue Jalabert, il connaît toutes les sources.

Bref, cet oubli ne peut qu'être une erreur, tant vous êtes attaché à une information locale exacte et complète. Je sais bien qu'on ne peut pas être partout, mais personne ne doute que vous allez rattraper en vitesse ce ratage accidentel, forcément accidentel. 

Bien à vous,