vendredi 19 janvier 2024

LA COMÉDIE MESSINE



Ancien maire de Metz, Jean-Marie Rausch est mort le 4 janvier 2024. Comme il n'y a pas de raison que je sois le seul à ne pas verser une larme de crocodile après que cet archétype du notable provincial a passé l'arme à gauche - à gauche, mais oui, ça a dû lui faire de l'effet ! -,  je vous offre ma petite contribution historico-rigolarde. Promenons-nous dans la ville, entre la rue Serpenoise et la rue des Clercs. Passage Marguerite-Puhl-Demange, là où la famille du fondateur du journal local possédait de juteuses propriétés immobilières.

Levons les yeux, observons les fresques en céramique qui n'en finissent plus de se ternir juste sous les fenêtres des actuels et discrets bureaux du journal. Et lisons ce livre d’images réalisé en 1986 par le peintre messin Pierre Koppe (1931-2016)... En huit panneaux, voilà une fresque balzacienne de la bourgeoisie messine de la fin du XXe siècle, plus vraie que nature. Regardez bien : vous allez découvrir là le conseil municipal derrière son maire, drapé de bleu-blanc-rouge ; un peu plus haut, sous l'ancien rond rouge RL, mais oui !, ce sont nos bons maîtres, Claude et Marguerite, qui règnent sur leur petit royaume. Et, là... Retrouvez les rotatives du journal, celles-là mêmes que le Crédit Mutuel a envoyées à la casse après que Claude Puhl a lâché l'affaire pour une (somptueuse) poignée de dollars. Et dans un autre coin, oui, c'est bien monseigneur l'évêque que l'on repère...

Cherchez encore, vous retrouverez les gros commerçants, peut-être un président de club de foot, les notables ventrus et satisfaits, et tout ce petit monde ravi de se trouver ainsi immortalisé au cœur de son marigot. J'ai toujours été fasciné par cette auto-célébration dont je ne peux pas croire que l'artiste l'ait réalisée sans une certaine dérision. Tous ces braves gens se retrouvent aujourd'hui, sans leurs valets et sans leurs coffres-forts, à goûter les pissenlits par la racine... et leurs œuvres voguent déjà vers l'oubli.