jeudi 25 novembre 2010

Lucidité

Pour une fois, ce n'est pas moi qui le dis! Diffusée par JB Presse, un groupe local de com', la Lettre de Tic & +  de novembre 2010 publie cette décapante brève :
«Début d’une synergie
Alors que le Crédit Mutuel, qui détient le Républicain Lorrain, officialisait le rachat des parts de Gérard Lignac dans l’Est Républicain, deux journalistes des deux quotidiens régionaux ennemis d’hier signaient une page commune dans le Républicain Lorrain, l’Est Républicain et Vosges Matin du 16 novembre. Les deux confrères, Hervé Boggio (RL) et Philippe Rivet (ER), ont participé à la rédaction d’une page Spéciale universités lorraines. Si le thème traité se prête bien à une convergence de moyens entre les deux rédactions, cette page commune annonce clairement la couleur en matière de traitement de l’information dans un proche avenir. Hasard ou coïncidence, la page était accompagnée d’une publicité pour le Crédit Mutuel.»
Eh bien! «JB» ne nous avait pas habitués à autant d'impertinence...

samedi 20 novembre 2010

Confetti et masochisme

Aujourd'hui, petits veinards, vous aurez droit à une séquence self-people. Dont l'objet est aussi de démythifier un bon coup l'image que vous vous faites, évidemment, du journaliste, grand reporter et baroudeur de l'univers.
Figurez-vous que je viens de jeter un coup d'œil dans le tiroir de ma table de chevet. Vu le foutoir que j'ai découvert, ça devait faire longtemps que ça n'était pas arrivé. Un vrai schoutt, en mosellan dans le texte. 

Et sous les vieux stylos sans encre, les photos oubliées et les marque-pages improvisés, j'ai retrouvé... un tas de petits bouts de papiers, de notes hâtivement griffonnées lors des multiples permanences de nuit qu'impose le service désintéressé du localier que je fus jusqu'à il n'y pas si longtemps.
La permanence de nuit, c'est: un téléphone portable à portée de main, avec un crayon, du papier, au cas où. Et quand le téléphone sonne – pompiers, correspondant... –, ça donne d'abord une bonne décharge d'adrénaline, un grognement de la malheureuse qui a accepté de partager la vie du localier, et ces gribouillis:
«SP Metz
Woippy
Rue P. et M. Curie
3h34»
 
«23h20 - Autoroute VL seul
Freyming * A4
Stbg -> Paris
VL FEU
échangeur Saint-Avold
2 blessés légers
»
«4h20
Feu parking souterrain
Hôtel Ibis Pontiffroy
+sieurs voitures
-évacué 1 immeuble»
A chaque fois, normalement, le coup de fil lance toute une mécanique. Appel vers d'autres pompiers, à la gendarmerie, pour savoir si la chose est sérieuse. Appel au collègue photographe qui, lui aussi, dort d'un œil, et au secrétaire de rédaction si le journal n'est pas encore bouclé. Et quand il le faut, extraction complète du lit, bisou à qui vous savez, «Ne t'inquiète pas, ce n'est pas loin, je reviens très vite...», rhabillage à la va-vite, et ballade plus ou moins enjouée dans la nuit. Puis, s'il est encore temps pour attraper l'édition du lendemain, une alternative: retourner vers l'ordinateur pour taper ce qu'il faut de texte; ou communiquer à Christine, François, Jean-Luc ou quelque autre vaillant veilleur de la rédaction les éléments nécessaires à l'entrefilet. Et retour vers la douceur des draps; mais en général, la nuit est fichue. (Merci, au passage, aux inventeurs du téléphone portable et de l'internet. On a connu des temps plus difficiles.)

Pourquoi tout ça? C'est le fait divers, la meilleure école du plaisir masochiste de l'actualité. Que le début d'incendie de la fin de soirée, l'accident de la route, la mort suspecte soient au petit déjeuner des lecteurs. Et puis, à chaque fois, même si on ne le dit pas, on espère un peu qu'on va tomber sur la catastrophe du siècle, celle qui fera la Une pendant au moins... trois jours. Oui, c'est absurde, et je l'avoue, après vingt ou vingt-cinq ans de cet exercice, on apprécie de passer à autre chose. Mais cette excitation qu'on a tant de fois ressentie malgré la fatigue, malgré l'envie de rester au pieu, malgré tout, cette excitation inexplicable et un rien perverse, ça restera toujours le moteur de ce métier.


Je n'en suis plus et nous sommes au moins deux à en être très satisfaits.  Je prendrai bien garde à ne pas me mêler aux technocrates qui, ayant tout oublié du calepin depuis qu'ils réfléchissent dans des bureaux, sont capables d'expliquer doctement aux localiers ce qu'ils doivent faire pour éviter les ratages. Alors, que cette chronique soit juste un amical clin d'œil à la dizaine de collègues qui, chaque nuit, dorment avec le téléphone à portée de main.

mardi 16 novembre 2010

Marche nuptiale

Ce mardi 16 novembre, l'AFP a publié les bans de la presse lorraine:
«Le Crédit Mutuel va prendre le contrôle du groupe Est Républicain

NANCY. — La banque Crédit Mutuel (CM) va prendre le contrôle du groupe Est Républicain (ER) en rachetant les 42% de parts détenues par Gérard Lignac et devenir le premier groupe de presse quotidienne régionale français, a-t-on appris mardi de sources concordantes.

"M. Lignac a annoncé mardi lors d'un comité de direction de L'Est Républicain qu'il allait céder ses actions au Crédit Mutuel", a indiqué à l'AFP un journaliste sous couvert de l'anonymat.

Cette annonce sera officialisée le 25 novembre lors d'un conseil d'administration au siège de l'Est Républicain, à Houdemont (Meurthe-et-Moselle), ont précisé à l'AFP des sources syndicales, confirmant une information de la lettre spécialisée dans les médias Presse-news.

(...) Le CM détiendra alors 90% des actions du groupe ER, et sera majoritaire en voix au conseil d'administration. Il possédait jusqu'ici déjà 48% de ER après le rachat des actions du groupe Hersant Media (GHM) fin octobre.

Des petits porteurs se partagent les 10% restants.

Le Crédit Mutuel, banque fédérative de l'Est de la France, est déjà propriétaire des quotidiens le Progrès, le Dauphiné Libéré, le Bien Public et le Journal de Saône-et-Loire, qui forment le groupe EBRA (Est Bourgogne-Rhône-Alpes). La banque possède également 80% du journal L'Alsace (Mulhouse) et 100% du Républicain Lorrain (Metz).

Pour sa part, le groupe ER détient les quotidiens l'Est Républicain, les Dernières nouvelles d'Alsace, Vosges Matin et le Journal de la Haute-Marne.

Réunis, les dix quotidiens ont une diffusion payée de près d'1,2 million d'exemplaires, selon les derniers chiffres de l'OJD.»
Le hasard fait parfois mal les choses. Le même jour, on  a trouvé dans les quotidiens lorrains une page de promotion pour le PRES, le Pôle de Recherche et d'Enseignement Supérieur de l'Université de Lorraine. Une belle page, ma foi, composée d'articles rédigés et signés en toute indépendance, cela va de soi par deux journalistes, l'un de la rédaction de L'Est Républicain, l'autre de celle du Républicain Lorrain. Le tout accompagné d'une jolie pub pour... le Crédit mutuel. Un joli pied de nez adressé à tous les naïfs qui croyaient encore aux promesses des directions des journaux, selon lesquelles l'arrivée d'un actionnaire commun ne changerait rien aux lignes éditoriales des titres concernés. Au moins, désormais, les  choses sont claires!

vendredi 5 novembre 2010

Tous ensemble, c'est au poil !

Donc, ce samedi 6 novembre, huitième journée de manifs contre l'allongement du temps de travail. Si j'en juge par ce qu'on dit du côté de la CFDT, ça risque d'être la dernière, en attendant «d'autres formes de lutte» (ah, le charme du jargon syndical!). Tout de même, notre cher Ch'rèque devrait faire attention: les semaines qui viennent de s'écouler ont révélé un bel élan dans le pays, qu'il serait tragique de casser. Depuis combien de temps n'avait-on vu défiler paisiblement mais avec détermination, dans les rues, des Français aussi divers et unis? Ici – le 28 octobre à Metz –, ce sont trois générations qui prennent l'air, avec du poil au menton, du poil sur le caillou ou pas de poils du tout. Continuons!