mercredi 7 avril 2010

Bichelberger lève un lièvre

Je dois confesser un péché de suffisance: j'avais toujours éprouvé un a priori défavorable envers l'écrivain Roger Bichelberger, alors que je n'ai jamais rien lu de lui. Il me semblait faire partie de cet encombrant aréopage de courtisans qui entourait ma défunte patronne, Marguerite P.-D., et s'imposait sans vergogne dans les colonnes de l'illustre journal où elle m'avait fait l'honneur de m'embaucher.

L'habit ne fait pas le moine, donc, et je me suis comporté comme un cuistre à l'encontre de Bichelberger, qui, je suppose, n'en a rien à f...aire. Avant de revoir totalement mon jugement, je vais quand même m'atteler à la lecture de l'un ou l'autre de ses bouquins; mais ce qui motive ce mea culpa, c'est un très bon portrait de l'écrivain paru dimanche dans le journal local. Un bon papier, vraiment, étoffé de témoignages, assez laudateur certes – mais pourquoi pas, si la consœur est suffisamment séduite par cet homme-là pour souhaiter que s'y rallie la masse de ses lecteurs?

Une seule chose me chagrine dans tout ça, c'est l'évocation à plusieurs reprises dans ce texte d'Anne et Gérard Philippe. Avec deux p, oui. (Tous les plus de 37 ans et demi, environ, se souviennent que, superstitieux comme un acteur, Gérard Philipe avait étudié son pseudonyme de façon à ce qu'il ne compte que treize lettres. Ça ne lui a pas porté chance jusqu'au bout, ce qui prouve que la superstition porte malheur.) Que la faute ait été commise au moment de la rédaction est navrant. Qu'elle n'ait pas été rectifiée au moment adéquat par le secrétaire de rédaction, «dernier rempart» contre la barbarie orthographique ou stylistique, l'est encore plus par ce que cela signifie.

C'est que, de plus en plus, ces confrères et consœurs sont accaparés par des tâches techniques, qui requièrent avant tout une bonne maîtrise de la bureautique et qui, surtout, les privent du temps nécessaire à l'exercice de leur mission journalistique. La veille, dans le même journal, mais à une autre rubrique, on avait découvert une magnifique évocation de l'irruption de la Montagne Pelée. Joli! (Et même: Joli... le journal – je vous demande pardon, ça m'a échappé.)

Des comme ça, on en trouve tous les jours. Ce n'est pas que les journalistes, dans l'ensemble, sont moins bons en rédaction française que leurs prédécesseurs; c'est même souvent le contraire. Mais remplacer des metteurs en page par des journalistes et des correcteurs par des automates informatiques...
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A lire: www.republicain-lorrain.fr/fr/permalien/article/2944413/L-ecrivain-eveilleur.html

1 commentaire:

  1. Et il y avait aussi Andrée Chédid à qui on avait oublié le E, la faisant passer pour un monsieur. Pauvre Andrée, pauvres SR.

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