mercredi 27 mai 2009

Fait divers

Dans Le Canard enchaîné de cette semaine (20/05), Alain Guédé commente un essai de Julie Sedel, Les Médias et la banlieue (éd. Le Bord de l'Eau). Pour expliquer l'absence des banlieues dans nos pages et sur nos écrans, sinon en cas d'émeutes ou de faits divers, cette observation : "Contrairement aux apparences, traiter les banlieues coûte cher. Il faut y passer du temps pour comprendre les habitants, gagner leur confiance et délier les langues. Beaucoup de temps pour pas beaucoup de place dans les pages"...

Bien vu. Les rédactions locales de nos quotidiens régionaux pourraient jouer ce rôle d'envoyés permanents dans les "banlieues", mais on peut douter de l'enthousiasme avec lequel les rédactions en chef accueilleraient leurs contributions.

Il s'en passe pourtant des choses, en banlieue, des petits exploits quotidiens réalisés pour et par les gens du lieu ! En rendre compte, les analyser, les commenter ne serait que rendre compte de la vie qui va, ce qui est le moins que l'on doive à nos lecteurs.

Ce serait un investisssement à long terme, de la même nature que la micro-locale de campagne qui aide à maintenir grosso modo le volume des abonnements dans les zones rurales. Mais la technostructure qui nous dirige raisonne de façon bien plus immédiate. L'essentiel, c'est le gros titre qui (croit-on) va faire vendre.

C'est ainsi que depuis le début de cette année, sauf erreur, le quartier de Borny – banlieue presque caricaturale de la ville de Metz – n'a eu droit qu'une seule fois aux 5 colonnes à la une, dans le quotidien local du 20 mai : "Un bébé congelé trouvé à Borny". Bien "à Borny", pas "à Metz", ni même "à Metz-Borny". CQFD !

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