mercredi 27 mai 2009

Patriiiiick !

Je vous ai raconté (message du 29 avril) le harcèlement pratiqué par le service de presse du bon André Santini. Dans le genre, une visite de l'avenant Patrick Devedjian, "ministre auprès du Premier ministre chargé du Plan de Relance" (sic), s'est montrée tout aussi instructive.

Au cours de sa journée en Moselle, le ministre a visité une demi-douzaine de chantiers financés par son fameux plan de relance. Ce qui revient à : dix voitures lancées à fond de train sur les routes départementales, avec cinq ou six motards pour ouvrir la route ; des arrêts successifs, dix-quinze minutes à chaque fois : le ministre descend de sa limousine, serre quelques mains un peu au hasard, fait semblant de s'intéresser aux travaux et reprend la route. Bon, après tout, ça fait partie de la fonction, même si ça n'apporte pas grand-chose à la République.

Plus utile peut-être, une réunion en préfecture avec des fonctionnaires, le trésorier-payeur général, des représentants du bâtiment, de l'artisanat, etc. Là, on dresse l'oreille : c'est peut-être l'occasion d'évaluer les effets concrets du plan et de recueillir des infos utiles au public. D'ailleurs, la presse est dument invitée... à un "tour d'images". Les cadreurs et les photographes sont autorisés à prendre quelques plans de l'assistance, avant d'être évacués vers le hall adjacent.

Et là, je pose la question : à quoi peut servir de diffuser des images d'un évènement auquel on n peut assister ? Ça, c'est de la communication et exclusivement de la communication. Franchement, on aura marqué un point le jour où aucun photographe, aucun caméraman ne se déplacera pour ce genre d'imposture.

Tout de même, le service de... communication du ministre a prévu dans son emploi du temps un moment pour un "point presse". On va enfin savoir... Bernique ! Un brin gênée, l'attachée de presse de la préfecture vient nous expliquer que le ministre a pris du retard, qu'il va falloir se contenter d'une très rapide entrevue dans le couloir. Ben voyons. Je me concerte rapidement avec mon confrère préféré de l'hebdomadaire local (Matthieu, on t'a reconnu) pour préparer une question et sa relance, et on agrippe notre Patrick. "Le plan de relance, est-ce que ce n'est pas qu'une aubaine pour les communes qui cherchant à faire payer par l'Etat les vieux projets qui trainent dans leurs cartons ? Et la crise, comment se porte-t-elle ?" En trois phrases de parfaite langue de bois, Devedjian nous expédie. Et avec ça, débrouille-toi mon gars pour écrire un reportage et un édito !

Finalement, c'était une visite coûteuse (au prix du kérosène) parfaitement inutile. Mais Devedjian a eu sa photo dans les journaux et sur l'écran de France 3, et le préfet a eu une bonne note. Bof !

2 commentaires:

  1. Merci Bernard ! De fraîches infos venues de ceux qui mettent "les mains dans'l'cambouis" (selon l'expression...) sont les meilleures et les bienvenues !
    Je suis la 1ère à te lire mais c'est sûr mon époux suit !
    D'office, j'ai ajouté à nos favoris l'adresse de ton blog afin d'y accéder souvent.
    Continue ! Grosse bise.
    Zélie

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  2. Allez une petite info sur l'un des chantiers visités par notre bon Patriiiiiick : il est venu inaugurer l'ADSL à la Zac Sainte-Agathe de Florange. Avec le même aréopage de 10 voitures officielles, de gardes du corps, d'attachée de presse... A toute vitesse également.
    Mais le plus amusant, c'est de savoir à quel niveau (financier) l'Etat participe à la mise en place de cet haut débit. Alors, une idée ?? Même pas une toute petite ??
    15 000 € ! Mais la communication n'a pas de prix, n'est-ce pas Bernard.

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