mardi 1 décembre 2009

Du télégraphe optique à Twitter

J'aime bien le point de vue de Stéphane sur la microcosmique discussion qu'a provoquée mon coup de gueule du 25/11 (http://www.stephanegetto.com/article-relations-presse-et-twitter-toujours-pas-convaincu-40258873.html). Cela dit, il ne faut rien exagérer. Il n'y a rien – soyons francs: pas grand-chose – de personnel dans tout ça. Mais un problème de fond, sûrement. Et ça n'est pas l'éternelle bataille des anciens et des modernes; réduire le dossier à ça est une facilité pour ceux qui n'ont pas envie de réfléchir sur l'usage qu'ils font de la technique.

Twitter me fait penser à ce que faisaient les reporters d'Europe «numéro un» en mai 1968: grâce à eux, les étudiants-diants-diants pouvaient suivre en temps réel les mouvements des forces de l'ordre dans les rues du Quartier Latin. Le transistor remplissait alors le rôle que peut assurer aujourd'hui Twitter.

Dans un domaine plus dramatique, après les élections présidentielles, les contestataires iraniens ont pu communiquer avec l'Europe grâce à Twitter, alors que le gouvernement croyait avoir tout bloqué.

Là, oui, oui, oui, le télégraphe optique, puis la radio, puis les SMS, puis Twitter... en attendant les futures avancées de la technique, oui, tous ces moyens de communication ont été ou sont bénis.
Pour le reste, je maintiens qu'il est à long terme dommageable pour l'ensemble de la société, et avant tout pour la démocratie, que l'on confonde le débat et le bavardage, l'information et l'air du temps, la rapidité et l'immédiateté.

Quant aux journalistes, ils (et donc "je", pour ceux qui me reprochent de jouer au donneur de leçons) méritent souvent les reproches qui leur sont adressés.Parce qu'on va trop vite, parce que nos moyens se réduisent, parce qu'on cède quelquefois au «à quoi bon»,parce que nous ne sommes que des femmes et des hommes là où l'on croit avoir affaire à des institutions. Mais tant qu'il y aura des journalistes, la mission d'informer sera palpable. Tant qu'il y aura des journalistes, on pourra exiger d'eux qu'ils prennent leurs responsabilités et les juger sur la façon dont ils les assument. Paradoxe: le jour où l'on admettra que seule compte «l'opinion publique» brute, on renoncera aussi à la démocratie. C'est mon avis, et je le partage!

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