mardi 7 septembre 2010

«Entre 500 et 10 000 manifestants...»


Des milliers de parapluies ont défilé cet aprés-midi à Metz, abritant deux à trois fois plus de manifestants qui ne voulaient pas entendre parler de la retraite à 62-67 ans. Quelque chose me dit qu'il faudra encore descendre dans la rue d'ici à la fin de l'année. Mais en attendant, qu'il me soit permis de faire une observation d'ordre professionnel.

Pourquoi ne sait-on jamais quelle est la fréquentation exacte des manifs? Les journalistes rapportent d'une part l'estimation de la police, souvent après validation par la préfecture, et d'autre part celle des syndicats. Ce qui nous donne des écarts du simple au double, voire du simple au triple.

C'est ridicule. Et je pense que les journalistes, dans cet exercice, ne font pas leur boulot. Il revient au journaliste, en dernier ressort, de dire: «La vérité était plus proche de l'estimation de la police» ou, au contraire, «La vérité était plus proche de l'estimation des syndicats». Parce que le journaliste est sur place, et qu'il doit être capable de se faire une opinion sans parti-pris ni visée stratégique.

Faire ce travail de témoin est possible. Il suffit de le vouloir, donc de ne pas céder à la tentation de Salomon. Et aussi, bien sûr, de s'en donner les moyens: sur une grosse manif, il faut être plusieurs – et c'est encore mieux lorsqu'on fait équipe avec un confrère/une consœur d'une autre rédaction –, mettre au point une petite technique simple de comptage... et être prêt à ignorer la pointe d'agacement qu'on rencontrera le lendemain chez les interlocuteurs, policiers ou syndicalistes. Au final, on y gagne du respect, et on a fait son travail pour le lecteur.

4 commentaires:

  1. Alors à Metz,combien de manifestants (selon la police, les syndicats et toi, bien entendu!).

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  2. Alors, selon le journal qui, il faut le souligner, a fait son travail à Metz : "plus de 10 000". Et à Nancy, "8 000 selon la police, 25 000 selon la CGT", écrit le journal. Là, par contre...

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  3. Une simple remarque : le journaliste en charge du papier pour le RL aurait pu prendre la peine de demander aux syndicats leurs estimations et pas se contenter d'une évaluation au doigt mouillé !
    Les chiffres :
    • selon la police 6 500 (source RG)
    • selon la CGT et la CFDT 18 000
    • selon ma propre appréciation 15 000 (à mettre en rapport avec les 12 000 du 24 juin). Et j'arrive à cette estimation avec un bête constat : le 24 jui j'ai quitté le dernier la place de la Gare à 15 h 10 environ. Le 7 septembre, à 15 h 45 je n'étais pas encore partie.

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  4. Réaction d'un collègue jeune retraité :

    Bien d'accord avec toi sur l'idée que les journalistes présents sur une manif aient la légitimité et surtout le devoir d'informer le lecteur de l'ampleur de icelle en se mouillant sur les chiffres, s'ils se sont mouillés dans la rue !
    l'élément de base de l'info pour une journée de mobilisation est : Combien étions nous ?
    J'ai participé à la manif Nancéienne.De retour chez moi, j' écoute le 18 heures de F bleu sud Lorraine. Le journaliste annonce un défilé réunissant au moins 5 000 personnes a NANCY.
    C'est du grand n'importe quoi.
    Au moins 5000 ça peut être entre 20 000 et 30 000. C'est a peu près le chiffre que j'aurais donné avec l'expérience de 40 ans de manifs. Sur de tels écarts on ne peut pas être aussi approximatif .
    Ou alors Le journalisme y perd ce qui lui reste de crédibilité .

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