vendredi 18 février 2011

Petits jeunes et petits chefs

La grève dont il était question dans mon précédent billet paralyse aujourd'hui le journal qui me fait l'honneur de m'employer. Le mouvement est exceptionnellement bien suivi, non seulement dans le collège technique - où la tradition est bien établie - mais aussi à la rédaction, ce qui est peut-être plus inattendu. Le premier motif de la grogne est apporté par le refus du patronat de mettre en œuvre une politique salariale décente dans l'ensemble de la branche professionnelle. Mais d'autres colères, plus difficiles à exprimer, me paraissent sourdre dans cette mobilisation. L'exaspération de journalistes qui se sentent déconsidérés, l'incompréhension face à un actionnaire qui proclame qu' «un journal est un entreprise comme les autres», l'outrance d'un management qui se voudrait à l'américaine... et le vertige ressenti face à la destruction des entités locales et culturelles que constituent les entreprises de presse régionales, appelées à se fondre dans un magma destructeur.

En attendant, le spectacle du jour est réjouissant. Cet événement permet de mesurer les petits courages et les grandes lâchetés des uns et des autres, ceux qui affichent leurs opinions – quelles qu'elles soient – et ceux qui se trouvent opportunément de vieux jours de congé à récupérer, les petits jeunes qui osent pour la première fois de leur carrière élever le ton et les petits chefs qui rasent les murs... La comédie humaine est inépuisable.

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