samedi 2 juillet 2016

Sur les Britanniques et l'Europe


Finalement, je n'ai rien à retirer à cet éditorial du Républicain Lorrain du 16 avril.

Malentendu

Qui a peur du Brexit ? Les grands argentiers, les banquiers, les multinationales. Il paraît que l’autre jeudi, pendant le sommet franco-allemand de Metz, Angela Merkel et François Hollande ont préparé la mobilisation de la Banque centrale afin de prévenir les effets d’une chute de la livre sterling, au cas où les Britanniques décideraient d’ériger une digue entre Douvres et Calais. De son côté, Christine Lagarde, au nom du Fonds monétaire international, évoque « un risque sérieux pour la croissance mondiale ».

Que le Royaume-Uni, dont le taux de croissance s’est chiffré à 2,5 % l’an dernier, joue avec les nerfs des financiers n’est pas très nouveau. En 1973 déjà, il considérait que son adhésion à la CEE, d’où naquit plus tard l’Union européenne, n’était qu’un outil économique et n’avait rien d’un grand dessein politique. Quarante-trois ans plus tard, l’état d’esprit n’a guère changé. Outre-Manche, beaucoup voient toujours l’Union comme un engin supranational dont on peut se séparer dès qu’il n’est plus rentable. Quitte à lancer un fallacieux signal aux eurosceptiques polonais, néerlandais ou autrichiens, qui n’ont pas, eux, le filet de sécurité qu’apportent les marchés du Commonwealth.

On pourrait brocarder les Anglais sur leur peu de sens de la solidarité, si l’on n’avait le souvenir de leur furieuse détermination lorsque la peste brune menaçait le monde. En vérité, le problème est autant européen que britannique. Entre Londres, Paris, Bruxelles et Berlin, le ménage s’est établi sur un malentendu fondamental, les uns vivant comme une invasion napoléonienne ce que les autres promettaient comme une association pour la prospérité. Et les dix prochaines semaines de campagne référendaire paraissent bien courtes pour réécrire l’histoire.

Bernard MAILLARD.

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