Le bric-à-brac de Bernard Maillard, journaliste à Metz, Moselle. A la première personne, humeurs, souvenirs, lectures, trente ans de promenade dans la presse régionale de Lorraine... Principe de précaution : les propos tenus dans ce blog n'engagent que leur auteur, et ne sont cautionnés ni par son syndicat, ni par ses collègues, ni par son directeur de conscience.
mercredi 29 avril 2009
La méthode du parapluie
La Sarkozie est une épreuve,même en province !
La préfecture du département où paraît le journal qui m'emploie a eu l'honneur, la semaine dernière, de recevoir le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, André Santini, venu vendre aux fonctionnaires du cru les charmes de la « révision générale des politiques publiques ». Ce qui a donné lieu à un sketch qui nous surprend encore, même si nous en avons déjà connu beaucoup en matière d'autocensure, tentative de censure et amicales pressions. Allez, je vous raconte.
L'entretien, que je prends soin d'enregistrer sur mon vieux dictaphone, se déroule tout bien, je transcris le tout, un poil de mise en forme, et voilà. J'expédie le paquet à mon Benjamin…
Je pense qu'à ce stade du récit, ce n'est pas la peine de vous faire un dessin : lundi matin, je trouve dans ma boîte mail l'interview toute réécrite, avec des tas de phrases que Santini n'avait pas dites et, à l'inverse, sans un certain nombre de termes qui figurent bien sur mon magnétophone. Du genre « foutoir » (pour qualifier l'administration française) ou « remettre de l'ordre » (pour résumer un aspect de la réforme). Illico, j'informe mon brave Benjamin, avec copie à mon sémillant rédacteur en chef adjoint (je commence à manquer d'adjectifs), qu'il n'a pas respecté nos conventions et qu'il peut donc aller se brosser : « Je vous rappelle toutefois que nous avions convenu que les corrections ne pourraient porter que sur des aspects techniques ou administratifs ; nous conserverons donc l'essentiel des formules utilisées par M. Santini, en nous reportant au verbatim de l'interview. »
Mais c'est qu'il est tenace, le Benjamin ! Durant toute la journée, il nous assaille de coups de fil, en protestant qu'il est « responsable de la parole de l'Etat », qu'il doit respecter un « protocole », que ceci, que cela... Mon inestimable rédacteur en chef adjoint a tenu bon, et malgré un dernier mail comminatoire parvenu à la rédaction à 20h30 (« Vous ne pouvez publier l’interview d’André Santini sans notre validation. Merci de publier l’interview validée et envoyée vendredi 17 avril en fin de journée et seulement cette version. »), on publiera bien dans l'édition du mardi la vraie interview. Qui, d'ailleurs, ne comporte vraiment aucune révélation susceptible de me donner le Pulitzer.
lundi 13 avril 2009
Un sale souvenir, parmi d'autres
De cette réunion dont je ne me rappelle plus le prétexte, la consœur est sortie lessivée, malade, en larmes. Et à une exception près, l'aréopage est resté muet.
Cela ne remonte pas au XIXe siècle. C'était au début de notre vaillant XXIe siècle. Cet homme-là, aujourd'hui, est un paisible retraité qui consomme gentiment ses indemnités de départ. Parmi ceux qui assistaient à cette séance, beaucoup sont encore en place dans l'entreprise moderne. La plupart sans doute ont oublié cet incident.
Je ne me suis pas levé, je n'ai pas quitté la pièce, moi non plus. Je me contente juste de ne pas serrer la main de ce personnage quand je le croise par hasard. C'est tellement peu...
Bye bye, Claude !
Ce qui veut dire : du pipole à tout va, en poussant à fond les manettes pour "organiser le buzz" et faire cliquer l'internaute sur nos pages web. Ça ne rapporte pas un rond, mais c'est moderne.
Ça veut dire, aussi, sous une apparence de liberté retrouvée, une gestion du personnel, pardon : un management pour lequel seule compte la rentabilité à court terme. Faut-il faire un dessin ? Des effectifs constamment orientés à la baisse, une politique salariale dégagée des conventions sociales et fondée sur le « mérite » (c’est-à-dire à la tête du client), la polyvalence à tout va…
Le journal était géré par des épiciers qui, entre deux calculs d’intérêts, se piquaient de politique locale. Il est aujourd’hui tenu par des banquiers qui se soucient comme d’une guigne de la qualité de ce qu’ils vendent : la seule chose qui compte, c’est vendre.