jeudi 14 avril 2011

Savoir vivre

Hier, nous avons porté en terre un collègue, qui, à 62 ans, a succombé à un cancer. «J'ai rarement connu quelqu'un qui fasse autant l'unanimité en sa faveur», me dit l'un de ses amis. Formule passe-partout, que l'on ressert fréquemment à la sortie d'une église. Oui, mais... exceptionnellement, il me semble que Guy Hombourger répondait très exactement à cette définition. Pour la première fois peut-être dans ce genre de circonstances, je n'ai rien entendu, rien, qui la contredise. Pas la moindre plaisanterie aigre-douce, pas la plus petite réserve du style «il était bien un peu ceci cela, mais...» C'est assez rare pour entrer dans nos mémoires.

Je ne faisais pas partie du cercle de ses amis, au sens propre. Guy était un camarade, un bon camarade. Et un peu plus que cela. Je lui dois de rares, mais toujours arrivés à point, conseils lorsque j'étais jeune délégué syndical. Il ne se mettait pas en avant, mais glissait l'impression juste au moment où cela était nécessaire.

Et pour ne pas alourdir le tableau, je n'évoquerai qu'un seul souvenir. Un matin, lors d'une réunion de cadres du journal, le rédacteur en chef de l'époque dont le nom ne mérite pas d'être cité s'en était pris violemment à une consœur, sur le mode du mépris machiste. Guy a été le premier à réagir, quittant la salle sans ostentation. Une leçon de simple courage et d'honnêteté que je n'ai jamais oubliée, et que beaucoup d'autres n'ont pas appliquée dans des circonstances similaires. C'est tout, et ça fait du bien.

2 commentaires:

  1. Guy a été mon chef au premier semestre 2001. Je n’étais très certainement pour lui, qu’ un petit journaliste de passage qui a cumulé 2 ou 3 cdd's dans la PQR, sans doute m avait-il oublié. C'est sûr même. En revanche, en ce qui me concerne, et malgré la courte période où j’ai travaillé à ses côtés, je n'oublierai jamais son petit air malicieux, sa grande bonté et son professionnalisme. Les années passent....En moi reste le souvenir : Celui d 'un homme de grande valeur.
    C.P.

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  2. Guy était un Honnête homme. Dans le sens que les philosophes du XVIIIe donnait à ces mots. J'i beaucoup échangé avec lui lors de nos aventures républicano-lotharingiennes communes. Guy ne donnait jamais de leçon mais savait toujours faire passer les messages qu'il fallait quand il le fallait. Avec classe et sans forfanterie. Il m'a également souvent été d'excellent conseil dans mes mandats syndicaux car il avait un sens de la justice exacerbé.
    Mon meilleur souvenir restera ce rendez-vous organisé avec la tendre complicité de Colette pour ses 60 ans. De quatre à table dans le restaurant, nous nous sommes retrouvés au fur et à mesure d'arrivées chronométrées une bonne trentaine. Je me souviens de sa remarque adressé aux comploteurs qu'étaient Colette, ma compagne et moi : "Il y en a encore beaucoup qui vont arriver comme ça ?". "Toutes les chaises que tu vois là Guy" lui avait-on répondu en désignant une très longue tablée à quelque mètres de nos chaises. Il en avait presque eu l'œil humide. Chacun avaient participé aux cadeaux mais beaucoup étaient venus avec un petit quelque chose en plus, quelque chose de plus personnel, "pour Guy"... Il était reparti les bras chargés et le cœur allégé de se sentir autant aimé. Son sourire au moment de nous laisser Sandra et moi sur le trottoir en disait long sur le plaisir qu'il avait eu à partager ces moments avec une trentaine d'ami(e)s et d'anciens collègues... Je crois que ce jour là, malgré la maladie déjà présente, il avait été vraiment heureux.

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