Quatrième tour
Certains départs à la retraite sont plus amers que d’autres.
François Hollande s’attend à affronter un « sentiment de vide » quand il
aura laissé les clefs de l’Elysée à son ancien ministre de l’Economie.
Au moins échappe-t-il au cauchemar : ce n’est pas à la patronne de
l’extrême droite qu’il confiera les codes de l’arme atomique.
Pour
autant, la passation des pouvoirs de demain est-elle celle dont il
rêvait ? Certains l’affirment. Non seulement sur les réseaux du web à
l’imagination fertile, mais aussi dans quelques cercles intellectuels
d’obédiences diverses, une thèse fâcheuse fait son chemin. Macron, plus
acceptable par l’opinion que la droite dure et que la gauche dite
radicale, aurait été la solution montée par une alliance objective des «
réformistes » et des « sociaux libéraux ». Une théorie que rien
n’étaye, mais que les faits ne contredisent pas non plus.
Pour
l’instant en tout cas, la succession Hollande-Macron ne promet pas une
véritable rupture. Dans la forme, la pratique d’En Marche ! apparaît
spectaculairement innovante ; sur le fond, ce qu’on sait des intentions
du Président porte à croire qu’il compte poursuivre – plus radicalement,
si possible – la politique économique et sociale amorcée par lui-même
sous l’autorité de Manuel Valls. La ligne du PS-canal historique
annoncée par Bernard Cazeneuve, « ni vraiment dans l’opposition ni dans
la majorité », parle d’elle-même : les problèmes ne viendront pas de ce
côté.
Cette autre version du « ni-ni », que partagera une partie
de la droite si le choix du Premier ministre lui convient, va rassurer
les milieux d’affaires et les libéraux. Mais elle pourrait aussi
entraîner, après les législatives, un quatrième tour social périlleux.
On comprendrait que François Hollande préfère le laisser à son
successeur.
(Le Républicain Lorrain, 13 mai 2017)
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