Ça n’a pas traîné. Une semaine après la formation du gouvernement, le ministre de la Cohésion des territoires inaugure le feuilleton des affaires promis à La République en marche ! Certes, c’est dans le domaine privé que Richard Ferrand aurait organisé au profit de sa compagne une affaire immobilière légalement correcte, mais moralement douteuse. Cet « arrangement familial » ne met pas en jeu les fonds publics… Mais les révélations du Canard enchaîné jettent un vilain doute sur le rapport à l’argent de ce très proche d’Emmanuel Macron.

A peine l’encre de l’hebdo du mercredi était-elle sèche qu’ont retenti les premiers appels à la démission du ministre. Marine Le Pen, qui a ouvert le feu, n’est pas la mieux placée, étant elle-même dans le collimateur de la justice. « On ne demande pas à Guy Georges ce qu’il pense de l’affaire de Montigny », ironisait hier un internaute inspiré. Le Mouvement des jeunes Socialistes est plus pertinent en évoquant la « crédibilité » du gouvernement, au moment où François Bayrou lance l’opération « moralisation de la vie publique », emblématique du nouveau quinquennat. Et bien que la droite ne se sente toujours pas trop à l’aise après le désastre des affaires Fillon, François Baroin se demande tout de même à voix haute si Richard Ferrand est bien en mesure d’exercer ses responsabilités.

Le gouvernement fait le dos rond, persuadé que l’affaire fera pschitt si le dossier ne s’alourdit pas. Ferrand sera sauvé au moins jusqu’aux législatives, mais LRM n’est déjà plus préservée du climat général de suspicion. Il est probable que d’autres bombes plus toxiques éclateront encore. Le Président le sait, les Français ne lui passeront rien. Le pari de la République irréprochable serait-il un pari impossible ?
Le Républicain Lorrain, 25 mai 2017